- VII –
« That’s a very bad trip… ! »
Dure journée que celle que vient de passer Jean-Baptiste.
Après une semaine chargée en « émotions », dira-t-on, l’expérience « hommage à Lucy » s’était révélée tant bénéfique que désastreuse… La réaction de fin d’Hans et Xavier, sans compter les foutages de gueule d’Alisson et Valentino avaient pour le moins refroidit notre jeune professeur qui était encore plus paumé qu’à l’origine. Les gamins lui en avaient fait voir de toutes les couleurs le reste de la semaine et c’est avec gratitude qu’il accueillit son salvateur vendredi soir…
Décidant de sortir pour aller boire un verre, le grand brun se rendit dans les quartiers gays de la ville. Non pas qu’il avait envie d’y tirer son coup mais tout simplement car il s’y était toujours plus amusé et détendu que dans les bars « normaux »… Et puis sincèrement, ce soir là il n’avait pas envie de voir la gueule de Manu, ni de son amant et leur amie si c’était pour qu’ils lui posent dix miles questions…
Choisissant donc de se rendre dans un club plutôt branché où il connaissait l’un des barmen, il s’installa au comptoir après avoir payé son entrée et regarda les gens de tout âge qui dansaient. Tous avaient l’air insouciant et heureux d’être là, s’amusant sans complexe et embrassant leur partenaires sans vergogne. Jean-Baptiste sourit enfin face à ce spectacle puis se tourna vers le bar, appelant son ami qui vînt aussitôt à sa rencontre.
- Hey Jean-Baptiste ! Ca fait longtemps dis donc, que nous vaut ta visite ?! fit l’homme tout en serrant la main tendue de son ami
- Oh, j’avais besoin de faire un petit retour aux sources je crois… Même si j’ai toujours l’impression de détonner autant ici, je m’y sens bien alors…
- Ah ah, c’est cool ça ! répondit l’homme Bon je te serre quoi alors ?
- Heu… Un Gin Tonic tiens !
- Ok ça roule !
Une fois son verre servit, ils engagèrent tranquillement une petite discussion, entrecoupée par les autres clients mais JB avait depuis longtemps l’habitude de parler ainsi. Il avait bien évidemment finit par amener le sujet de son boulot sur le tapis et, c’est avec déjà quelque verre dans le nez qu’il crachait sa rancœur pour ces gamins qui ne le laisse pas les aider.
- Non mais sérieux quoi, je suis là pour eux moi ! Je ne leur jette même pas la pierre bordel, je veux juste mettre toutes les choses à plat et les faire avancer !
- Les gosses, même passé l’âge adulte c’est difficile tu sais Jean-Baptiste… dit son ami avec tout de même une lueur compatissante dans le regard
- Mais ils me rejettent sans même chercher à comprendre ! Et encore, c’est un pas en avant pour deux en arrière, c’est chiant putain !
- Rappelle toi comment tu étais à leur âge…
- Ouais, j’étais amoureux fou d’un mec givré d’un type qui voulait pas de lui à la base mais avec qui il file maintenant le parfait amour depuis presque sept ans… fit JB en pensant à Manu, portant son verre à ses lèvres
Tout en buvant l’alcool qui était devenu entre temps du rhum, il se figea soudainement, ses grands yeux bleus fixant son ami.
- Heu, ça va Jean-Baptiste… ? fit son ami soudainement inquiet
- Mais… répondit le brun en levant progressivement son regard vers le barman Mais c’est ça ! Putain Thomas t’es un géni ! Si ça se trouve c’est rien qu’une histoire d’amour à la noix le problème ! Oh putain t’es trop fort, merci merci !
Et se levant d’un bond, il prit appuie sur le bar et allant embrasser le front de l’homme en serrant son crâne entre ses mains.
- Mais j’ai rien dis moi ! lança le garçon, hyper surprit par le comportement de JB
- Si si ! Bon tu m’excuseras mais faut que j’aille pisser un coup là ! Je reviens et je t’explique !
C’est donc soudainement plus détendu que Jean-Baptiste se rendit dans les toilettes où il se rinça la goule après s’être soulagé. Alors qu’il allait ressortir, il se prit presque la porte dans la figure alors qu’un mec déboulait dans la petite pièce pour pousser dans un grand fracas la première porte de toilette qu’il trouva. S'en suivit presque aussitôt le bruit si caractéristique que fait un estomac qui rejette tout ce qu’il contient. Jean-Baptiste en eu de très désagréables frissons et un grognement d’écœurement.
Secouant un peu la tête, il allait sortir lorsqu’il tilta soudainement. Ce bonnet noir, cette tignasse blonde, il les connaissait… ! Clignant des yeux, il fit alors demi-tour pour jeter un œil dans les toilettes.
C’est sans aucun doute possible qu’il reconnu alors Xavier en train de vider ses tripes dans la cuvette. Un nouveau haut le cœur lui souleva l’estomac et il porta une main à sa bouche mais détourna à peine le regard. Que pouvait donc bien foutre ce garçon ici ?!
Alors qu’il était tout à ses questions, le garçon s’était un peu redressé, avait craché un molard puis fermé le couvercle des chiottes avant de tirer la chasse. Ne pouvant ôter son regard du jeune homme qu’il n’avait jamais pensé croiser dans un bar gay, il ne réalisa pas tout de suite ce que Xavier était en train de faire.
Le jeune homme, à présent à genoux sur le sol graisseux et collant des toilettes venait de verser de la poudre blanche sur le couvercle tout aussi dégueulasse et était en train de l’hacher avec une lame de rasoir et de la répartir en une longue ligne d’une manière rapide et experte. Ce ne fut que lorsque le jeune homme sorti une paille de son blouson que Jean-Baptiste réagit.
- Mais putain qu’est-ce que tu fous bordel ?! cria le brun en se précipitant pour épousseter le rail de coke
Se redressant, Jean-Baptiste prit le garçon par le bras pour le faire se lever. Ce dernier semblait ahurit et tourna un regard totalement surprit vers celui qu’il sembla immédiatement reconnaître alors qu’il fronça presque immédiatement les sourcils.
- Vous ?! tonna sa voix grave, presque rocailleuse en cet instant Enfoiré ! ajouta-t-il avant de se précipiter sur Jean-Baptiste dont ce fut le tour d’être surprit
Se retrouvant soudainement bloqué contre un pan de mur, il ne réalisa pas tout de suite que Xavier venait d’entrer dans une colère sans nom.
- Connard ! C’était ma dernière dose ! Je devrais vous arracher les yeux putain d’enfoiré ! vociférait le blond en ancrant ses yeux devenu orage dans l’océan calme de son professeur Ca vous suffit pas de faire une fixette sur moi en cours, maintenant vous me suivez ?! hurlait-il tout en tenant JB par le col, les mains tremblantes Alors quoi, qu’est-ce que ça peut bien vous foutre ?! Vous pouvez absolument rien pour moi ! Dégagez de ma vue !
Et avec une certaine force tout de même, le garçon maigre comme un clou éjecta JB hors des toilettes et se relaissa tomber à genou devant la cuvette. Ses grands mains diaphanes passait sur le plastic jaunit pour rassembler ce qu’il pouvait de poudre éparpillée.
Pour le moins sonné, Jean-Baptiste le regarda quelques secondes avant de se re-précipiter sur lui, un profond soupire sortant de sa gorge et lui choppa le col de la nuque, le tirant fortement en arrière.
- Arrête de faire le con, t’as jamais essayé de t’en sortir de toute façon, comment tu peux dire que je ne peux pas t’aider ?! lâcha-t-il en colère, ses yeux devenu mer déchainée ancrés dans ceux toujours orage du garçon
Mais ce dernier lui répondit par un rire qui fit frémir le jeune professeur. C’était un rire tant moqueur que mauvais. Xavier y avait mit certainement toute sa rancœur.
- Et alors, Jean-Baptiste, patron des apôtres, vous vous prenez pour un saint ?! cracha-t-il tout en se redressant mais restant le cul au sol, la tête levée vers le brun penché sur lui
Ce genre d’insultes, Jean-Baptiste en avait reçut des centaines. Et il y était habitué. Mais là, face à ce garçon, dans ce contexte et en regard de tout ce qu’il avait pu se passer avant, plus l’alcool qui coulait dans son sang, fit voir soudainement rouge au brun et il céda donc à sa colère.
Le prenant par le col, il souleva Xavier comme s’il s’agissait d’un simple pantin de bois et le colla contre la paroi du WC dans un grand bruit, les pieds du garçon ne touchant plus terre.
- Maintenant ça suffit petit con ! Ce soir je ne suis pas ton prof mais un mec qu’en a marre de ta petite gueule de camé alors qu’il sait que tu vaux mile fois mieux que ça !
- Me faites pas rire… grogna Xavier légèrement étouffé par la main de JB
- Bonne nuit Jared ! lâcha soudainement le brun en faisant référence à l’acteur de Requiem for a Dream avant de balancer son poing dans la gueule de Xavier
S’écartant alors que Xavier retombait au sol, Jean-Baptiste posa soudainement une main sur sa bouche, son bras entourant son ventre et fixa le jeune homme au sol. Son regard semblait soudainement apeuré.
- Merde… ! Mais qu’est-ce que j’ai fait bordel… ?! fit-il entre ses doigts alors que son cœur s’était mit à tambouriner dans sa poitrine
Fixant le garçon totalement K.O. à terre, son esprit embué par l’alcool mit du temps à se remettre d’aplomb mais il parvînt finalement à prendre une décision. Regardant si la voie était libre, il prit ensuite le garçon sur son épaule et le sorti précautionneusement de la cabine avant de pousser la porte des toilettes et se mettre à raser les murs.
Plusieurs regard se tournèrent vers lui aux quels il répondit un simple « tout va bien, il a trop bu, je le ramène chez lui ». Il croisa aussi celui de son ami au bar et lui dit la même chose avant de sortir du bâtiment. Asseyant le garçon sur un banc proche de la route, il du tout de même le maintenir tout en regardant si un taxi n’arrivait pas. Heureusement pour lui, il n’eu pas à attendre longtemps et la voiture les conduisit directement chez le brun qui monta alors son précieux fardeau jusqu’à son appartement pour aller le coller dans sa baignoire.
Se redressant, il fixa le garçon un moment. Ce dernier respirait comme s’il était endormit et une marque rouge se dessinait sous l’œil qu’avait frappé Jean-Baptiste. Se passant rapidement une main sur le visage, le brun s’agenouilla et commença à déshabiller le garçon, le laissant en boxer, avant de prendre le pommeau de douche, régler l’eau et en asperger Xavier.
Le jeune homme se réveilla alors en sursaut, beuglant, éclaboussant au passage JB avant de tourner vers lui un regard tant surprit qu’affolé.
- Rah, gigote pas, t’as du vomi partout ! grogna Jean-Baptiste en fixant assez durement le gaçron
Etrangement, ce dernier se calma presque aussitôt tandis que ses prunelles redevenues eau calme s’étaient fixées dans celles du brun. Esquissant un maladroit sourire, JB baissa les yeux.
- Désolé de t’avoir frappé, mais sur le coup j’avais pas d’autres solutions… fit-il un peu géné tout de même
- … ‘foiré… grommela Xavier qui, complètement avachit contre le dossier de la baignoire ne semblait plus avoir de force pour riposter.
Faisant un léger bruit du coin de la bouche, JB ne répliqua pas et commença à passer de l’eau dans les cheveux du garçon. Se dernier ferma instinctivement les yeux, crispant un peu son visage mais ne rechigna pas. Apparemment, ça lui faisait tout de même du bien…
Mais le grand brun n’en resta pas là et shampouina la chevelure blonde qui puait la quiche et prit du gel douche pour faire de même avec le torse du garçon qui se laissait totalement faire, comme dans un état second, presque allongé sur l’émail blanc. Jean-Baptiste finit par relever les yeux et regarder le garçon qui de toute façon avait fermé les siens.
- … Redresse-toi… dit-il au bout d’un moment tout en aidant le garçon avant de commencer à lui frotter les épaules et le dos … Tu t’es mis dans un sacré état sérieux… ne put-il s’empêcher de grommeler
Mais il n’obtînt aucune réponse, pas même un soupire. A croire que le garçon profitait des « massages » prodigués…
Finalement, Jean-Baptiste reprit le pommeau de douche et commença à rincer le jeune homme qui ouvrit alors presque difficilement les yeux et l’interrogea du regard sans sembler pouvoir parler.
- Bah quoi, j’vais quand même pas te laver le cul non plus ! fit JB en clignant des yeux Tu peux le faire toi-même si tu veux.
Se levant alors, il ferma l’eau et lui tendis le gel douche.
- Tiens, je te mets une serviette là et je vais te chercher un boxer propre… Il sera sans doute un peu grand mais tant pis… ! Apelle moi si t’as besoin d’aide pour te lever.
Ceci disant, il posa une serviette près du garçon et sorti de la pièce pour se diriger vers sa chambre et fouiller son armoire bordélique à la recherche d’un sous vêtement propre. Revenant dans la salle de bain, il passa juste le bras par la porte pour poser le vêtement sur la commode contre le mur puis il se dirigea dans sa cuisine où il se fit couler un verre d’eau qu’il but à grandes gorgées avant de pousser un soupire et s’essuyer la bouche du poignet.
- Bordel… maugréa-t-il pour lui-même, les yeux perdus dans le vide
Xavier finit par l’appeler et le brun alla l’aider tout en respectant son intimité, détournant le regard lorsque le garçon s’appuya sur lui pour enfiler le boxer. Le garçon semblait totalement vidé et ses grands yeux aux pupilles encore dilatées étaient quasiment sans vie.
Lorsque le garçon fut prêt et installé sur le canapé, enveloppé dans l’épais peignoir de son professeur, JB eut à peine le temps de revenir à la cuisine et lui proposer un truc à boire ou à manger que le garçon s’était laissé glisser sur le flanc et s’était presque instantanément endormit.
Clignant des yeux, Jean-Baptiste le regarda un instant avant de se frotter le visage, passer ses deux mains dans ses cheveux puis aller chercher une couverture qu’il mit sur le corps du garçon. Le regardant quelques instant de plus, il retourna dans la salle de bain qu’il rangea, ramenant les vêtements de Xavier, son boxer mouillé dans une poche, dans le salon puis alla à son tour se coucher après s’être douché.
Il mit un certain temps à s’endormir mais la fatigue de la semaine eu raison de ses pensées et il sombra dans un profond sommeil sans rêve. A son réveil, le jeune homme avait déjà déguerpit et le jeune prof ne retrouva ni mot ni quoique se soit d’autre à son intention.
Soupirant un coup, il se servit un café et entama son week-end bien mérité… ! Même s’il n’arriva pas vraiment à penser à autre chose qu’à Xavier…
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Pardonne-moi Lucy, j’ai été faible.
Je me suis laissé aller dans ses mains mais ça faisait si longtemps qu’on ne s’était pas occupé de moi comme ça…