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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 10:20

- VII –

« That’s a very bad trip… ! »

 

            Dure journée que celle que vient de passer Jean-Baptiste.

            Après une semaine chargée en « émotions », dira-t-on, l’expérience « hommage à Lucy » s’était révélée tant bénéfique que désastreuse… La réaction de fin d’Hans et Xavier, sans compter les foutages de gueule d’Alisson et Valentino avaient pour le moins refroidit notre jeune professeur qui était encore plus paumé qu’à l’origine. Les gamins lui en avaient fait voir de toutes les couleurs le reste de la semaine et c’est avec gratitude qu’il accueillit son salvateur vendredi soir…

            Décidant de sortir pour aller boire un verre, le grand brun se rendit dans les quartiers gays de la ville. Non pas qu’il avait envie d’y tirer son coup mais tout simplement car il s’y était toujours plus amusé et détendu que dans les bars « normaux »… Et puis sincèrement, ce soir là il n’avait pas envie de voir la gueule de Manu, ni de son amant et leur amie si c’était pour qu’ils lui posent dix miles questions…

            Choisissant donc de se rendre dans un club plutôt branché où il connaissait l’un des barmen, il s’installa au comptoir après avoir payé son entrée et regarda les gens de tout âge qui dansaient. Tous avaient l’air insouciant et heureux d’être là, s’amusant sans complexe et embrassant leur partenaires sans vergogne. Jean-Baptiste sourit enfin face à ce spectacle puis se tourna vers le bar, appelant son ami qui vînt aussitôt à sa rencontre.

 

- Hey Jean-Baptiste ! Ca fait longtemps dis donc, que nous vaut ta visite ?! fit l’homme tout en serrant la main tendue de son ami

- Oh, j’avais besoin de faire un petit retour aux sources je crois… Même si j’ai toujours l’impression de détonner autant ici, je m’y sens bien alors…

- Ah ah, c’est cool ça ! répondit l’homme Bon je te serre quoi alors ?

- Heu… Un Gin Tonic tiens !

- Ok ça roule !

 

            Une fois son verre servit, ils engagèrent tranquillement une petite discussion, entrecoupée par les autres clients mais JB avait depuis longtemps l’habitude de parler ainsi. Il avait bien évidemment finit par amener le sujet de son boulot sur le tapis et, c’est avec déjà quelque verre dans le nez qu’il crachait sa rancœur pour ces gamins qui ne le laisse pas les aider.

 

- Non mais sérieux quoi, je suis là pour eux moi ! Je ne leur jette même pas la pierre bordel, je veux juste mettre toutes les choses à plat et les faire avancer !

- Les gosses, même passé l’âge adulte c’est difficile tu sais Jean-Baptiste… dit son ami avec tout de même une lueur compatissante dans le regard

- Mais ils me rejettent sans même chercher à comprendre ! Et encore, c’est un pas en avant pour deux en arrière, c’est chiant putain !

- Rappelle toi comment tu étais à leur âge…

- Ouais, j’étais amoureux fou d’un mec givré d’un type qui voulait pas de lui à la base mais avec qui il file maintenant le parfait amour depuis presque sept ans… fit JB en pensant à Manu, portant son verre à ses lèvres

 

            Tout en buvant l’alcool qui était devenu entre temps du rhum, il se figea soudainement, ses grands yeux bleus fixant son ami.

 

- Heu, ça va Jean-Baptiste… ? fit son ami soudainement inquiet

- Mais… répondit le brun en levant progressivement son regard vers le barman Mais c’est ça ! Putain Thomas t’es un géni ! Si ça se trouve c’est rien qu’une histoire d’amour à la noix le problème ! Oh putain t’es trop fort, merci merci !

 

            Et se levant d’un bond, il prit appuie sur le bar et allant embrasser le front de l’homme en serrant son crâne entre ses mains.

 

- Mais j’ai rien dis moi ! lança le garçon, hyper surprit par le comportement de JB

- Si si ! Bon tu m’excuseras mais faut que j’aille pisser un coup là ! Je reviens et je t’explique !

 

            C’est donc soudainement plus détendu que Jean-Baptiste se rendit dans les toilettes où il se rinça la goule après s’être soulagé. Alors qu’il allait ressortir, il se prit presque la porte dans la figure alors qu’un mec déboulait dans la petite pièce pour pousser dans un grand fracas la première porte de toilette qu’il trouva. S'en suivit presque aussitôt le bruit si caractéristique que fait un estomac qui rejette tout ce qu’il contient. Jean-Baptiste en eu de très désagréables frissons et un grognement d’écœurement.

            Secouant un peu la tête, il allait sortir lorsqu’il tilta soudainement. Ce bonnet noir, cette tignasse blonde, il les connaissait… ! Clignant des yeux, il fit alors demi-tour pour jeter un œil dans les toilettes.

            C’est sans aucun doute possible qu’il reconnu alors Xavier en train de vider ses tripes dans la cuvette. Un nouveau haut le cœur lui souleva l’estomac et il porta une main à sa bouche mais détourna à peine le regard. Que pouvait donc bien foutre ce garçon ici ?!

            Alors qu’il était tout à ses questions, le garçon s’était un peu redressé, avait craché un molard puis fermé le couvercle des chiottes avant de tirer la chasse. Ne pouvant ôter son regard du jeune homme qu’il n’avait jamais pensé croiser dans un bar gay, il ne réalisa pas tout de suite ce que Xavier était en train de faire.

            Le jeune homme, à présent à genoux sur le sol graisseux et collant des toilettes venait de verser de la poudre blanche sur le couvercle tout aussi dégueulasse et était en train de l’hacher avec une lame de rasoir et de la répartir en une longue ligne d’une manière rapide et experte. Ce ne fut que lorsque le jeune homme sorti une paille de son blouson que Jean-Baptiste réagit.

 

- Mais putain qu’est-ce que tu fous bordel ?! cria le brun en se précipitant pour épousseter le rail de coke

 

            Se redressant, Jean-Baptiste prit le garçon par le bras pour le faire se lever. Ce dernier semblait ahurit et tourna un regard totalement surprit vers celui qu’il sembla immédiatement reconnaître alors qu’il fronça presque immédiatement les sourcils.

 

- Vous ?! tonna sa voix grave, presque rocailleuse en cet instant Enfoiré ! ajouta-t-il avant de se précipiter sur Jean-Baptiste dont ce fut le tour d’être surprit

 

            Se retrouvant soudainement bloqué contre un pan de mur, il ne réalisa pas tout de suite que Xavier venait d’entrer dans une colère sans nom.

 

- Connard ! C’était ma dernière dose ! Je devrais vous arracher les yeux putain d’enfoiré ! vociférait le blond en ancrant ses yeux devenu orage dans l’océan calme de son professeur Ca vous suffit pas de faire une fixette sur moi en cours, maintenant vous me suivez ?! hurlait-il tout en tenant JB par le col, les mains tremblantes Alors quoi, qu’est-ce que ça peut bien vous foutre ?! Vous pouvez absolument rien pour moi ! Dégagez de ma vue !

 

            Et avec une certaine force tout de même, le garçon maigre comme un clou éjecta JB hors des toilettes et se relaissa tomber à genou devant la cuvette. Ses grands mains diaphanes passait sur le plastic jaunit pour rassembler ce qu’il pouvait de poudre éparpillée.

            Pour le moins sonné, Jean-Baptiste le regarda quelques secondes avant de se re-précipiter sur lui, un profond soupire sortant de sa gorge et lui choppa le col de la nuque, le tirant fortement en arrière.

 

- Arrête de faire le con, t’as jamais essayé de t’en sortir de toute façon, comment tu peux dire que je ne peux pas t’aider ?! lâcha-t-il en colère, ses yeux devenu mer déchainée ancrés dans ceux toujours orage du garçon

 

            Mais ce dernier lui répondit par un rire qui fit frémir le jeune professeur. C’était un rire tant moqueur que mauvais. Xavier y avait mit certainement toute sa rancœur.

 

- Et alors, Jean-Baptiste, patron des apôtres, vous vous prenez pour un saint ?! cracha-t-il tout en se redressant mais restant le cul au sol, la tête levée vers le brun penché sur lui

 

            Ce genre d’insultes, Jean-Baptiste en avait reçut des centaines. Et il y était habitué. Mais là, face à ce garçon, dans ce contexte et en regard de tout ce qu’il avait pu se passer avant, plus l’alcool qui coulait dans son sang, fit voir soudainement rouge au brun et il céda donc à sa colère.

            Le prenant par le col, il souleva Xavier comme s’il s’agissait d’un simple pantin de bois et le colla contre la paroi du WC dans un grand bruit, les pieds du garçon ne touchant plus terre.

 

- Maintenant ça suffit petit con ! Ce soir je ne suis pas ton prof mais un mec qu’en a marre de ta petite gueule de camé alors qu’il sait que tu vaux mile fois mieux que ça !

- Me faites pas rire… grogna Xavier légèrement étouffé par la main de JB

- Bonne nuit Jared ! lâcha soudainement le brun en faisant référence à l’acteur de Requiem for a Dream avant de balancer son poing dans la gueule de Xavier

 

            S’écartant alors que Xavier retombait au sol, Jean-Baptiste posa soudainement une main sur sa bouche, son bras entourant son ventre et fixa le jeune homme au sol. Son regard semblait soudainement apeuré.

 

- Merde… ! Mais qu’est-ce que j’ai fait bordel… ?! fit-il entre ses doigts alors que son cœur s’était mit à tambouriner dans sa poitrine

 

            Fixant le garçon totalement K.O. à terre, son esprit embué par l’alcool mit du temps à se remettre d’aplomb mais il parvînt finalement à prendre une décision. Regardant si la voie était libre, il prit ensuite le garçon sur son épaule et le sorti précautionneusement de la cabine avant de pousser la porte des toilettes et se mettre à raser les murs.

            Plusieurs regard se tournèrent vers lui aux quels il répondit un simple « tout va bien, il a trop bu, je le ramène chez lui ». Il croisa aussi celui de son ami au bar et lui dit la même chose avant de sortir du bâtiment. Asseyant le garçon sur un banc proche de la route, il du tout de même le maintenir tout en regardant si un taxi n’arrivait pas. Heureusement pour lui, il n’eu pas à attendre longtemps et la voiture les conduisit directement chez le brun qui monta alors son précieux fardeau jusqu’à son appartement pour aller le coller dans sa baignoire.

            Se redressant, il fixa le garçon un moment. Ce dernier respirait comme s’il était endormit et une marque rouge se dessinait sous l’œil qu’avait frappé Jean-Baptiste. Se passant rapidement une main sur le visage, le brun s’agenouilla et commença à déshabiller le garçon, le laissant en boxer, avant de prendre le pommeau de douche, régler l’eau et en asperger Xavier.

            Le jeune homme se réveilla alors en sursaut, beuglant, éclaboussant au passage JB avant de tourner vers lui un regard tant surprit qu’affolé.

 

- Rah, gigote pas, t’as du vomi partout ! grogna Jean-Baptiste en fixant assez durement le gaçron

 

            Etrangement, ce dernier se calma presque aussitôt tandis que ses prunelles redevenues eau calme s’étaient fixées dans celles du brun. Esquissant un maladroit sourire, JB baissa les yeux.

 

- Désolé de t’avoir frappé, mais sur le coup j’avais pas d’autres solutions… fit-il un peu géné tout de même

- … ‘foiré… grommela Xavier qui, complètement avachit contre le dossier de la baignoire ne semblait plus avoir de force pour riposter.

 

            Faisant un léger bruit du coin de la bouche, JB ne répliqua pas et commença à passer de l’eau dans les cheveux du garçon. Se dernier ferma instinctivement les yeux, crispant un peu son visage mais ne rechigna pas. Apparemment, ça lui faisait tout de même du bien…

          Mais le grand brun n’en resta pas là et shampouina la chevelure blonde qui puait la quiche et prit du gel douche pour faire de même avec le torse du garçon qui se laissait totalement faire, comme dans un état second, presque allongé sur l’émail blanc. Jean-Baptiste finit par relever les yeux et regarder le garçon qui de toute façon avait fermé les siens.           

 

- … Redresse-toi… dit-il au bout d’un moment tout en aidant le garçon avant de commencer à lui frotter les épaules et le dos … Tu t’es mis dans un sacré état sérieux… ne put-il s’empêcher de grommeler

 

            Mais il n’obtînt aucune réponse, pas même un soupire. A croire que le garçon profitait des « massages » prodigués…

            Finalement, Jean-Baptiste reprit le pommeau de douche et commença à rincer le jeune homme qui ouvrit alors presque difficilement les yeux et l’interrogea du regard sans sembler pouvoir parler.

 

- Bah quoi, j’vais quand même pas te laver le cul non plus ! fit JB en clignant des yeux Tu peux le faire toi-même si tu veux.

 

            Se levant alors, il ferma l’eau et lui tendis le gel douche.

 

- Tiens, je te mets une serviette là et je vais te chercher un boxer propre… Il sera sans doute un peu grand mais tant pis… ! Apelle moi si t’as besoin d’aide pour te lever.

 

            Ceci disant, il posa une serviette près du garçon et sorti de la pièce pour se diriger vers sa chambre et fouiller son armoire bordélique à la recherche d’un sous vêtement propre. Revenant dans la salle de bain, il passa juste le bras par la porte pour poser le vêtement sur la commode contre le mur puis il se dirigea dans sa cuisine où il se fit couler un verre d’eau qu’il but à grandes gorgées avant de pousser un soupire et s’essuyer la bouche du poignet.

 

- Bordel… maugréa-t-il pour lui-même, les yeux perdus dans le vide

 

            Xavier finit par l’appeler et le brun alla l’aider tout en respectant son intimité, détournant le regard lorsque le garçon s’appuya sur lui pour enfiler le boxer. Le garçon semblait totalement vidé et ses grands yeux aux pupilles encore dilatées étaient quasiment sans vie.

            Lorsque le garçon fut prêt et installé sur le canapé, enveloppé dans l’épais peignoir de son professeur, JB eut à peine le temps de revenir à la cuisine et lui proposer un truc à boire ou à manger que le garçon s’était laissé glisser sur le flanc et s’était presque instantanément endormit.

            Clignant des yeux, Jean-Baptiste le regarda un instant avant de se frotter le visage, passer ses deux mains dans ses cheveux puis aller chercher une couverture qu’il mit sur le corps du garçon. Le regardant quelques instant de plus, il retourna dans la salle de bain qu’il rangea, ramenant les vêtements de Xavier, son boxer mouillé dans une poche, dans le salon puis alla à son tour se coucher après s’être douché.

            Il mit un certain temps à s’endormir mais la fatigue de la semaine eu raison de ses pensées et il sombra dans un profond sommeil sans rêve. A son réveil, le jeune homme avait déjà déguerpit et le jeune prof ne retrouva ni mot ni quoique se soit d’autre à son intention.

            Soupirant un coup, il se servit un café et entama son week-end bien mérité… ! Même s’il n’arriva pas vraiment à penser à autre chose qu’à Xavier…

 

______________

Pardonne-moi Lucy, j’ai été faible.

Je me suis laissé aller dans ses mains mais ça faisait si longtemps qu’on ne s’était pas occupé de moi comme ça…

 

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 12:08

 

 

- VI –

«  Weird time »

 

 

            Une fois de plus, Jean-Baptiste se retrouvait au premier rang assit sur un fauteuil de l’immense salle de concert de l’école. Face à lui, les élèves se succédaient sur scène et se produisaient en chant ou en musique. Et le grand brun ne semblait pas déçut de ce qu’il entendait et voyait.

            Pour le moment, tous les élèves qui étaient passés avaient joué le jeu et rendu hommage à la jeune Lucy. Mais, ça n’était pas pour autant que l’atmosphère morbide de la classe s’était levée alors que, presque pire encore, quelques larmes avaient coulées sans qu’il n’y ait une seule consolation. C’était vraiment très étrange comme vision et sensation…

            La fille présentement sur scène s’appelait Clara et était en train d’interpréter Say Halleluja de Tracy Chapman à capela. C’était vraiment une très belle chanson et la voix grave de la métisse était très proche de l’interprétation originale. Une chanson absolument parfaite pour Lucy et qui arracha même quelques frissons à JB. A la fin, Clara salua sous de maigres mais tout de même présents applaudissements et s’en retourna à sa place. Reprenant alors sa liste, JB fit glisser son crayon sans regarder et s’arrêta avant de lire.

 

- A toi Alisson ! fit-il en se tournant vers la jeune femme qui jouait avec ses baguettes sur le dossier du fauteuil sous le sien

 

            L’habituel sourire narquois vînt orner les lèvres rosées de la jeune femme qui se leva et fit raisonner la bulle de son chewing-gum dans toute la salle. JB vit le regard amusé de Valentino qui suivait des yeux son amie qui descendait sur scène.

            Elle était habillée d’une petite robe bleue et avait tout de la jeune fille BonChic-BonGenre, Jean-Baptiste n’arrivait décidément pas à se faire à l’idée qu’elle était une virtuose de la batterie… Elle mit un CD dans le lecteur et alla rapidement s’installer à la batterie.

            Les premières notes à la guitare de Smeel like teen spirit raisonnèrent dans la salle et Alisson fit bien vite raisonner ses caisses sur cet air si célèbre du groupe Nirvana. Une fois de plus, Alisson avait une indéniable prestance sur scène et semblait prendre vraiment son pied à jouer des baguettes. Et elle avait retenu les conseils de son professeur car elle regardait un peu plus les gens dans la salle bien qu’on voyait parfaitement qu’elle était totalement emportée dans ce qu’elle faisait.

 

 

 


 

 

 

            Une fois qu’elle eut finit, elle posa son regard amusé sur son professeur et se leva sous les applaudissements de ses camarades.

 

- C’était très bien. Fit JB Je vois que tu as su mettre à profit mes conseils, bien que ça ne soit pas encore parfait mais… Je ne trouve pas vraiment que ça soit un hommage, plutôt le contraire d’ailleurs. Ajouta-t-il en fixant la jeune fille droit dans les yeux

- Je n’avais rien en commun avec cette fille. Clama Alisson sans la moindre gêne C’est déjà bien que je fasse ça pour elle.

 

            Et sans ajouter un mot de plus, ni attendre le commentaire de JB, elle remonta dans les gradins. Le grand brun la suivit des yeux, les sourcils légèrement froncés et sursauta soudainement alors que la voix d’Hans raisonna fortement dans toute la pièce.

 

- Putain mais va faire claquer ta bulle ailleurs pétasse ! avait-il dit alors qu’en passant à côté de lui Alisson avait fait péter son chewing-gum

- Hans ! avait réagit au quart de tour JB Au lieu de profaner des insanités descend donc sur scène ! Le piano t’attend !

 

            Grognant pour la forme mais se levant tout de même, Hans commença à descendre les gradins, bousculant la jeune femme au passage. Jean-Baptiste qui regardait toujours dans leur direction apperçut Valentino qui se marrait de sa place.

 

- Ne te marre pas trop Valentino, tu passes après ! dit-il alors

- Ok, pas de soucis m’sieur ! répondit le bouclé sans pour autant s’arrêter de sourire

 

            Jean-Baptiste soupira et leva une fois de plus les yeux au ciel avant de se retourner sur scène et vers Hans qui venait de s’installer.

 

- Bon, j’vous préviens, c’est une vieille compo… annonça-t-il tout en regardant son prof Ca représente pas exactement Lucy mais j’ai pas eu le temps de la retravailler… Et de toute façon je suis compositeur, pas parolier et encore moins chanteur ! ajouta-t-il étrangement nerveusement, comme si on lui avait fait une réflexion

 

            Arquant un sourcil, Jean-Baptiste se calla bien au fond de son fauteuil et écouta avec attention les paroles de la chanson interprétée par Hans.

            C’était en effet une chanson des plus personnelles et Jean-Baptiste qui n’était pas dupe, se dit que le garçon devait faire référence à l’un des derniers couplets « I tought about you, and me, and finally figured out just what love means » lorsqu’il disait que sa chanson n’était pas tout à fait adaptée à Lucy. Mais il l’avait dit avec tellement d’émotion dans le regard que le jeune professeur se demanda si un nouveau secret à propos de la jeune fille ne venait pas de lui être révéler…

 

 

 


 

 

 

            Ecoutant jusque au bout la finalement magnifique chanson d’Hans, JB se dit que pour l’instant c’était la plus émouvantes de toutes. Ajouter à cela que ça n’était pas une reprise mais bel et bien une composition. Mais la véritable question était : Hans l’avait-il réellement ressortie de ses fonds de tiroirs ou l’avait-il écrite exprès… ?

            Une fois de plus, JB avait matière à creuser et se dit qu’il avait vraiment eu une bonne idée d’avoir lancer ce devoir.

            Des applaudissements plus nourris encore succédèrent à l’interprétation du décoloré et Jean-Baptiste se leva carrément.

 

- Et bien Hans, je dois dire que tu m’as bluffé… Et je ne pense pas être le seul… fait un petit signe vers le reste des gradins Tu vois, ce n’était pas si dur comme devoir… ajouta-t-il un peu moqueur

- Tsss, vous abusez quand même. Répondit le garçon avant de remonter les gradins, le visage baissé caché derrière sa mèche qu’il avait pourtant mit en arrière avant de jouer

 

            Décidément, ces jeunes adultes étaient bien téméraires… Mais bon, JB arrivait de mieux en mieux à les amadouer et tous faisaient d’indéniables progrès.

            Hans à peine assit, Valentino n’eu pas besoin qu’on le rappelle à l’ordre et descendit aussitôt sur scène, son étui à la main et s’installa rapidement, mettant un CD dans le lecteur.

 

- Bon, moi j’vais vous jouer une musique que tous connaissent et avant de me prendre des réflexions à la gueule, Lucy n’était pas mon amie et c’était une camée alors cette musique lui correspond parfaitement. Mais je tiens tout de même à dire que personnellement je trouve que cette musique donne beaucoup d’espoir.

 

            Appuyant alors sur la télécommande de la chaine hi-fi, les premières notes au piano de Requiem for a Dream tiré du film du même nom d’Aronofsky emplirent la pièce et Valentino les accompagna bien vite au violon.

 

 

 


 

 

 

            Et une fois de plus, bien que le choix de la musique ne plaisait pas trop à Jean-Baptiste et que le garçon se foutait un peu de sa gueule et de celle de la jeune fille par la même occasion, la prestance sur scène de Valentino était tout simplement parfaite et son jeu de même. Le brun était décidément toujours autant bluffé par le jeune homme.

            Sans voix, presque du début à la fin, il applaudit assez fortement mais ne fit pas le plaisir au garçon de se lever, lui rendant la monnaie de sa pièce. Mais Valentino ne sembla pas s’en offusquer, souriant à son professeur avant de retourner à sa place sans demander son reste.

            Jean-Baptiste s’en retourna donc à sa liste et le hasard fit monter sur scène William qui sorti un ukulélé de son tout petit étui et entonna Somewhere over the rainbow. Et tour à tour les élèves montèrent sur scène, présentant tout type de chansons et de musiques qui pour eux, à leur manière, rendait hommage à leur ancienne camarade de classe.

            Revenant sur sa liste, Jean-Baptiste vit qu’il ne restait plus qu’une seule personne à passer et eu un petite sourire en voyant que c’était la « marmotte »… Se tournant donc vers Xavier, il croisa son regard alors que ce dernier était redressé contre son dossier et le fixait. Mais cela ne dura qu’une fraction de seconde alors que le jeune homme se levait sans qu’il n’eu besoin de l’y inviter et prendre sa guitare pour aller s’installer sur scène.

            Enfin, JB allait entendre la voix du jeune homme qui était le plus proche de la jeune femme. Du garçon complètement camé tout comme son amie mais que personne ne semblait vouloir véritablement aider. Avec au milieu de ça, Jean-Baptiste qui se sentait totalement impuissant.

            Xavier s’était donc installé sur un tabouret, avait ramené un micro et branché sa folk électro-acoustique. Quelques secondes de plus passèrent alors que le garçon vérifiait que son instrument était bien accordé. Jetant un très rapide regard à son professeur, il baissa les yeux immédiatement après et joua ses premières notes sans annoncer le titre de sa chanson.

            Le grand brun reconnu immédiatement les premières notes de Creep et sentit d’incroyables frissons sur l’ensemble de sa peau alors que dans son esprit cette chanson était l’exemple parfait pour Lucy que pouvait interpréter celui qui avait été son ami le plus proche. Et quand Xavier fit enfin entendre sa voix, se fut carrément son cœur qui loupa un battement et il ne pu plus quitter le jeune homme des yeux.

 

 

 


 

 

 

            Xavier était littéralement en train de s’animer alors que la chanson qu’il était en train d’interpréter était des plus mélancoliques et étrangement des plus pures. Sa voix grave, presque suave, incroyablement mélodieuse emplissait l’immense salle et Jean-Baptiste avait soudainement l’impression qu’on l’étouffait. C’était comme s’il n’arrivait plus à respirer tant il était prit par le jeu et surtout la voix du jeune homme qui était encore plus belle que ce à quoi il s’attendait.

            Fixant le garçon, il vit poindre dans ses yeux une lueur qu’il était incapable de décrire. Aussi brûlante qu’elle semblait glacée, Jean-Baptiste s’en laissa envelopper et ne chercha pas à refreiner les innombrables frissons qui parcouraient sa peau. Mais plus encore, Xavier avait un putain de charisme et même s’il ne regardait personne à part le vide, ça n’était absolument pas dérangeant. Son jeu, sa voix, sa prestance, tout était parfait aux yeux du jeune professeur qui sentait sa gorge de plus en plus sèche tant il était éblouit par cette interprétation.

            La fin de la chanson arriva malheureusement trop vite et Xavier se fit applaudir plus copieusement encore que Valentino. Mais ça ne semblait pas toucher le blond qui rangeait sa guitare et ne fit absolument aucun commentaire en quittant la scène.

 

- Bon bin sur ce moi je me casse, c’était franchement pourrit votre devoir. Fit soudainement Hans, faisant sursauter JB qui n’avait même pas applaudit tant il était sur le cul

 

            Se retournant alors, il vit le jeune homme se lever et commencer à monter les gradins en direction de la sortie. Il n’eu même pas le temps de le reprendre qu’Alisson prenait à son tour la parole.

 

- Tu dis ça mais t’es resté jusqu’à la fin…

- La ferme connasse ! répondit le jeune homme avec fougue tout en lui lançant un fuck de la main

 

            Pas encore remit de la prestation de Xavier, JB tomba totalement des nus face à pareille scène à la quelle il ne savait absolument pas quoi répondre, une nouvelle question ayant brutalement envahit son esprit.

            Quelle était donc cette putain de tension entre Hans et Alisson ?! Etait-ce en relation avec Lucy ou totalement autre chose ? Mais il n’eut pas plus le temps de s’y appesantir alors que la voix grave de Xavier se fit de nouveau entendre.

 

- Ouais, c’était nul. Avait-il dit en fixant son professeur

 

            Le regard océan de Jean-Baptiste croisa rapidement les noisettes de Xavier puis ce dernier emboita le pas d’Hans et tous les autres élèves se levèrent.

            Toujours assit dans son fauteuil, Jean-Baptiste regardait totalement incrédule et presque impuissant ses élèves partir sans qu’il ne puisse leur dire quoique se soit. Bientôt, la salle se vida entièrement et JB cligna enfin des yeux en voyant que Valentino et Alisson le fixait du haut des gradins, s’apprêtant à sortir de la salle.

 

- Non ça n’était pas nul. Raisonna soudainement la voix de Valentino C’était même intéressant, mais vous faite fausse route…

 

            Et sans un mot de plus, pas même un de ses sourires narquois, le jeune homme et son amie sortir.

            Mais, fausse route en quoi... ? Pensa le brun alors que des dizaines de questions s’ajoutaient à celle déjà présente dans son esprit de nouveau totalement embrouillé.

 

______________

 

J’ai chanté pour toi Lucy… Et j’ai senti son regard sur moi.

Mais je n’ai pas besoin de son aide.

 

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 00:05

- V –

« Where the truth is… »

 

            A la pause de midi, dans la salle des professeurs, Jean-Baptiste est assit à une table et mange son sandwich d’un air absent. Complètement retourné par sa découverte du matin même, par ses deux découvertes à dire vrai, son esprit ne peut penser à autre chose, allant de Xavier et Tom à cette Lucy sans en rien comprendre de plus.

            Ce fut la petite prof de solfège qui le sorti de son espèce de transe en s’asseyant face à lui.

 

- Tout va bien Jean-Baptiste… ?

 

            Sursautant presque, JB leva ses grands yeux océan vers la jeune femme.

 

- Heu oui, ça va… Pourquoi cette question ?

- Et bien tu sembles totalement ailleurs, quelque chose te tracasse ? demanda-t-elle

 

            Clignant des yeux, c’était bien la première fois qu’un des professeurs de cette école s’adressait à lui de cette manière. Est-ce parce qu’il avait déjà posé des questions à la jeune femme, ou que leurs avis sur lui avaient quelque peu changés depuis qu’il s’investissait particulièrement avec la classe des 3B ? Dans tout les cas, la jeune femme avait vu juste mais JB avait instinctivement répondu.

 

- Et bien… fit-il tout en pesant bien ses mots Ouais, on peut dire ça comme ça je pense…

- T’as envie d’en parler ?

 

            Cette question lui fit de nouveau ouvrir de grands yeux surpris.

 

- Heu, bah, tu me coupes l’herbe sous les pieds là, haha… répondit-il tout en levant un bras pour se masser nerveusement la nuque

- Ah oui ? fit-elle, un fin rire au bout des lèvres

- Ouais…

 

            Prenant le temps de reprendre contenance, JB se redressa sur sa chaise et fixa la jeune femme qui le regardait en souriant. Puis il prit finalement la parole pour poser la question qui le taraudait le plus.

 

- Dis moi… commença-t-il tout de même nerveusement Peux-tu me dire qui est Lucy Wallace… ?

- C’est juste une ancienne élève. Répondit la jeune femme du tac-o-tac

 

            Mais Jean-Baptiste avait très bien vu son sourire grelotter avant de revenir à la normal sur ses lèvres.

 

- Heu oui enfin, je m’en doute bien puisque j’ai découvert que c’était son nom qui était rayé en bas de la liste des 3B mais, son nom me dit quelque chose et je n’arrive pas du tout à la replacer dans son contexte… fit-il tout en interrogeant la prof du regard

 

            Et là-dessus, elle se leva promptement de sa chaise sous les yeux ébahit de JB.

 

- Je suis désolée mais ce n’est pas à moi de te parler de ça… Si tu veux en savoir plus va voir le directeur. Et bon courage avec les 3B, il parait que tu fais du bon boulot.

 

            Elle repartie alors tout aussi rapidement qu’elle était venue, laissant Jean-Baptiste seul avec ses questions soudainement multipliées par dix. Mais son conseil n’était absolument pas passé dans l’oreille d’un sourd et le brun comptait bien aller voir Thierry pour lui demander des explications.

            C’est donc ce qu’il fit aussitôt qu’il eu terminé son sandwich, bu un café et fumé sa clope. Frappant à la porte du bureau, il fut reçut avec plaisir par son vieil ami.

 

- Et bien et bien Jean-Baptiste ! Un mois que tu es là et ce n’est que maintenant que tu viens me rendre visite… ? Ça y est tu en as marre ? Pourtant je n’ai que de très bons échos de toi… avait aussitôt dit le quinquagénaire tout en allant serrer la main du grand brun

- Ne me tendez pas de perche comme ça… ria doucement JB tout en serrant la main de Thierry Non si je suis là c’est plutôt pour le total contraire… Je m’intéresse de plus en plus à mon travail ici et en particulier à mes élèves qui, bien qu’éteints comme vous m’aviez prévenu, ont tous du potentiel à faire évoluer…

- Ah, je suis heureux de te l’entendre dire ! répondit Thierry tout en allant se rasseoir derrière son bureau et inviter JB à s’installer face à lui

- Olala, j’ai l’impression de retourner au lycée, du temps où j’étais convoqué quasiment toutes les semaines chez le dirlo… ria de nouveau le brun à présent assit dans le fauteuil face au bureau

 

            Thierry ria de même puis demanda donc ce qui pouvait bien amener Jean-Baptiste ici. Le brun prit donc une petite inspiration et lui parla alors de la découverte de l’existence d’une certaine Lucy Wallace, ancienne élève chez les 3B et de ses doutes alors qu’il était persuadé de connaître cette jeune fille.

            Le directeur écouta attentivement tout ce que lui raconta JB, les mains entrelacées devant son visage et les deux doigts posés sur bouche.

 

- Je ne voulais pas t’en parler avant Fit Thierry après le monologue du brun.  J’avais trop besoin de toi pour t’occuper de cette classe, je ne voulais pas te faire peur. Et puis je savais bien que tu finirais par découvrir le pot aux roses... Alors, maintenant je vais tout t’expliquer.

 

            Et Thierry se mit à raconter ce qu’était cette Lucy, ce qui lui était arrivé et pourquoi la classe était si morbide, car encore très sous le choque de ce qu’il c’était passé.

 

- Et particulièrement le jeune Xavier, bien que tu ne m’en es pas parlé, je suis sûr que tu as remarqué son comportement. Il était la personne la plus proche de Lucy.

 

            Jean-Baptiste resta quoi un bon moment avant de réussir à répondre.

 

- Ah ouais d’accord… Mais vous laissez Xavier comme ça ? Sans rien faire ?

- C’est plus compliqué que ça Répondit simplement Thierry une légère grimace sur les lèvres.

- Je ne vois franchement pas en quoi c’est compliqué.

- Tu sais, ce n’est pas facile de faire entrer en centre de désintoxication le fils d’un grand commanditaire de la ville...   

 

            Jean-Baptiste compris plus ou moins de quoi voulait parler Thierry : on ne pouvait pas obliger une personne, qui plus est majeure, à faire une pareille démarche. Les deux hommes discutèrent ainsi jusqu’à la fin de la pause déjeuné et JB en ressortit encore plus dépité qu’à son arrivé. Mais au moins il avait quelques réponses.

 

            Le lendemain, avant de commencer son cours, Jean-Baptiste s’installa au milieu de l’estrade, les mains dans ses poches.

 

- Bon… Avant qu’on commence le cours, j’ai une annonce à vous faire et un devoir à vous donner.

 

            Au loin l’on pouvait entendre Hans commencer déjà à grommeler. JB le fixa un instant avant de regarder de nouveau l’ensemble de la classe et de reprendre la parole.

 

- Je suis au courant pour Lucy et j’ai enfin compris quel était le véritable problème de cette classe alors qu’aucun de vous ne semble avoir encore fait son deuil... J’aimerai donc que vous prépariez chacun, pour le cours d’art de la scène de demain après-midi, une musique ou une chanson en hommage à Lucy.

 

            Jean-Baptiste se mit à fixer ses élèves, mais aucun des visages ne s’animaient face à cette demande et révélation. Sentant soudainement un regard insistant sur lui, JB tourna la tête et vit Xavier le fixer intensément. C’était bien la première fois que le garçon semblait autant en vie.

            Clignant des yeux, il comprit alors ce que lui avait révélé Thierry et se sentit soudainement très mal à l’aise sous ce regard. Dans les yeux presque sauvages du jeune homme, les pupilles totalement dilatées semblaient être en train de fondre mais ce qui toucha le plus Jean-Baptiste fut l’espèce d’éclair de colère qui les traversa. Et il n’avait absolument aucune idée vers qui était tournée cette haine.

            Mais il ne put le regarder plus longtemps, Hans prenant une fois de plus la parole.

 

- Et aller ! Vous ne manquez pas de culot de nous coller un devoir pour une autre matière ! C’est pas parce qu’on vous a en cours dans les deux que vous devez vous sentir obligé de nous accabler de travail ! avait pesté le jeune homme

- Oh mais ça peut s’arranger ça Hans… répondit JB du tac-o-tac Je peux te proposer une heure de colle à la place durant la quelle tu feras ce devoir. Ton père en sera malheureusement informé par courrier comme le veut la procédure de cette école… Alors on fait quoi… ? Colle, pas colle ? demanda-t-il en jouant de la balance avec ses mains

 

            Aussitôt, le jeune homme se laissa tomber au fond de son siège, les bras croisés sur son torse et soupira.

 

- Pas colle… Nan mais c’est bon, de toute je l’ai déjà ma chanson… grommela-t-il

- Bien… conclu JB avant de tourner la tête vers Valentino et Alisson qui riait sous cape en regardant le décoloré

- Qu’est-ce que vous avez bande de bouffons ?! vociféra soudainement le décoloré

- Bon hé Hans, je croyais qu’on s’était mis d’accord pour que je ne te colle pas ! clama immédiatement Jean-Baptiste en fixant le garçon les sourcils froncés

 

            Il réussit à lui tirer un faible « pardon » et le cours pu enfin commencer.

            Au premier rang, Xavier ne lâcha pas son professeur du regard et sembla écouter tout ce qu’il disait bien qu’il ne prenne aucune note.

 

______________

Je dois te rendre hommage. On doit tous te rendre hommage…

Mais est-ce que cela sert à quelque chose… ?

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 20:21

- IV-
« What the fuck AGAIN ?! »

            Aujourd’hui cela faisait pile poil un mois que Jean-Baptiste avait commencé à travailler au sein du conservatoire d’Aves et mine de rien, ce boulot ne l’ennuyait pas encore.

            Il fallait tout de même avouer que c’était grâce, ou plutôt, à cause de cette classe taciturne que le jeune prof trouvait satisfaction à la moindre avancée, ne serait-ce qu’infime. Son dernier exploit en date étant d’avoir réussit à faire répondre la « marmotte » en cours. Il l’avait limite fêté le soir même avec Sandrine qui l’avait appelé pour prendre de ses nouvelles.

            Quoiqu’il en soit, il n’avait pas perdu ses habitudes et notamment se griller une petite clope à l’arrière du bâtiment avant d’entamer son premier cours de la matinée. C’est donc tranquillement qu’il s’était rendu dans la petite coure arrière et allumé sa clope une fois adossé au mur.

            Soufflant sa fumée, il ne pu retenir un soupire de bien-être. Mais soudainement, son oreille tiqua à un bruit de container poubelle que l’on pousse. Tournant alors la tête, il entendit des voix qui chuchotaient avec une certaines véhémence.

            Arquant un sourcil, il s’approcha alors discrètement et entrevit alors dans l’espace entre le mur et la grosse poubelle deux jeunes gens en train de se disputer à voix basse. Reconnaissant Xavier il fut encore plus interloqué alors que face à lui se tenait l’un des technicien de surface de l’école.

            Un jeune homme tout vêtu de blanc, avec des cheveux pourpres, qui répondait au prénom de Tom, en vu de ce qu’il était écrit sur sa blouse, et qui avait toujours un étrange regard noir. Regard noir qui en cet instant avait viré orage alors qu’il pestait à voix basse contre le blond qui n’avait rien de l’être endormit et deux de tens’ dont JB avait l’habitude.

            Encore plus intrigué, le grand brun se rapprocha un peu plus, s’arrêtant soudainement en voyant Tom partir rageusement. Il eut le réflexe de se planquer contre le mur mais ça ne fut pas utile car Xavier venait de le rattraper en lui prenant le poignet.

 

- Putain Tom ! Me fais pas ça !

 

            Arquant un sourcil, JB s’approche de nouveau alors que les deux garçons avaient recommencé à chuchoter.

 

- Lâche moi Xavier, tu peux pas payer avant demain alors t’attends ! disait Tom

- Je t’en supplie, j’ai plus rien pour aujourd’hui… ! Je te donne ma montre en gage si tu veux mais je t’en pris, file moi une dose, rien qu’une ! C’est juré je t’apporte le fric demain ! répondit Xavier de sa belle mais implorante voix

- Tsss, t’es déjà totalement out, tu ferais mieux d’aller dormir !

 

            Jean-Baptiste frémit soudainement étrangement et son regard se porta automatiquement sur le blond et il se rendit alors compte qu’il tremblait et semblait à la fois totalement perdu.

            Tom s’approcha de Xavier et lui choppa le menton pour lui faire lever la tête.

 

- T’as les yeux complètement explosés mon pote, et il n’est que 8h du matin… fit-il entre ses dents T’es mon meilleur client et je compte te garder encore un moment alors fait pas le con et rentre chez toi !

 

            Et Jean-Baptiste comprit alors que Xavier était totalement camé et que ça expliquait alors son comportement en classe et ses pupilles anormalement dilatées. Il en frémit de nouveau et d’un bon fit irruption dans le champ de vision des deux garçons.

 

- Je peux savoir ce qu’il se passe ici ? fit-il sans détour

 

            Les jeunes gens s’écartèrent soudainement et tant Xavier baissa automatiquement les yeux, restant raide comme un piquet, tant Tom lui, leva sa petite gueule d’ange vers Jean-Baptiste et lui fit un lumineux sourire.

 

- Rien du tout. On discutait juste… Xav’ et moi sommes de vieux copains et ça nous arrivent comme à tous de se disputer de temps en temps… répondit-il le plus naturellement du monde sans lâcher les yeux de Jean-Baptiste

 

            Tout en disant cela, le jeune homme avait enlacé les épaules du blond et le secouait un peu.

 

- On se dispute mais on s’adore vous savez… ! ajouta-t-il en souriant encore plus

 

            Fronçant les sourcils, il était indéniable que JB ne croyait pas un mot de ce que lui racontait le garçon mais ce dernier ne savait sans doute pas que le brun les écoutait depuis un petit moment maintenant.

            Regardant tour à tour les garçons, Jean-Baptiste ne savait tout bonnement pas quoi dire. Il y avait tout un tas de combinaisons possibles qui virevoltait dans son esprit et celles de prévenir immédiatement les flics en première ligne. Mais face à l’expression si naturelle du plus jeune, il douta soudainement et se demanda s’il avait bien entendu. Ses yeux pouvaient tout aussi bien l’avoir trompé et peut-être que Xavier était tout simplement malade. Leur dispute pouvait être en rapport avec tout autre chose.

 

- … Mouais. Fit-il pas très convaincu tout de même

 

            Les bras croisés sur son torse, il continuait de fixer les deux jeunes hommes alors que ses pensées ne savaient pas de quel côté de la balance pencher.

 

- Et vous trouvez que c’est un lieu que de discuter derrière des poubelles… ? Vous faites des cachotteries ?

- Mais non pas du tout ! répondit Tom sans lâcher son sourire Xav’ sait que je sors les poubelles à cette heure là, donc il est venu me voir.

 

            Clignant des yeux, JB n’arrivait pas à savoir si Tom mentait ou non. Ce gamin semblait parfaitement se servir de ses expressions faciales et sa petite gueule d’ange le rendait étrangement innocent malgré la couleur rouge violacée de ses cheveux.

            La cloche signalant le début des cours coupa court aux tergiversions intérieures du grand brun et il reprit la parole.

 

- … Bon et bien maintenant Xavier va venir avec moi, et pour une fois il ne sera pas en retard et je te souhaite une bonne journée… dit-il sur un ton neutre tout en fixant Tom droit dans les yeux

 

            Ce fut sans se prier que le blond se détacha de son « ami » et s’approcha de JB mais sans pour autant lever les yeux vers lui.

            Fixant une dernière fois l’autre garçon, Jean-Baptiste tourna les talons et rentra dans le bâtiment après avoir écrasé sa clope. Xavier le suivit sans dire un seul mot et une fois en classe s’assit à sa place.

            Commençant son cours comme si de rien n’était, le brun jetait de temps à autre des regards vers le blond et fut assez surprit de le voir tenir assit contre son dossier et, bien qu’il ne jeta pas un seul regard vers l’estrade, JB vit bien qu’il était attentif à ce qu’il racontait.

            Le cours se déroula sans heurte, Hans s’étant un peu calmé depuis que JB était monté sur scène, mais ça n’était pas non plus la grande joie, le brun n’ayant réussit qu’à faire répondre Valentino et rendre attentive un groupe de fille dans le coin de l’amphy.

            Lorsque la cloche retenti de nouveau et que tous les élèves se levèrent, JB reposa son regard sur le blond qui s’était prestement levé alors qu’habituellement il était l’un des dernier à sortir. Ceci faisant, il commença à ranger ses affaires mais comme il était distrait par Xavier qui venait de disparaître derrière la porte suivit de l’a foule des élèves, il en fit tomber ses papiers.

            Un « merde » retenti, suivit d’un « fais chier » cette fois-ci murmuré et JB se baissa pour rassembler ses feuilles. Il venait de prendre la feuille d’appel de la classe et se redressa en la tenant droit devant lui, dans le reflexe de lire ce qu’il y est écrit comme tout un chacun a lorsqu’il croise une écriture quelle qu’elle soit. Et alors que la grande fenêtre de la salle exposée plein est lui faisait face, le soleil encore jeune lui arriva en plein dans la gueule, ses rayons passant à travers le papier blanc. Son œil tiqua de nouveau alors que les rayons mettaient à jour quelque chose qu’il n’avait encore jamais remarqué sur la feuille.

            La toute dernière ligne du tableau avait été barrée avec un gros feutre noir et JB avait toujours pensé que le tableau avait été imprimé ainsi, la dernière ligne remplit d’encre. Mais le soleil, en passant à travers, lui fit alors découvrir le prénom et le nom d’une jeune fille.

 

Lucy Wallace

 

            Clignant des yeux, il bugua totalement sur la ligne et ne se rendit pas compte que Valentino et Alisson qui sortaient les derniers, riaient doucement sous cape l’ayant vu faire tomber ses affaires.

            Relisant de nouveau le nom, Jean-Baptiste eu l’étrange impression de connaître ce nom. Ce prénom et ce nom accolés plus exactement.

            Tenant la pose, le bras tendu et la feuille en plein soleil, il se mit à se creuser la tête à la recherche d’un visage auquel apposer ce nom mais rien ne lui vînt.

            Sentant alors des regards sur lui, il se retourna et vit Valentino et Alisson en train de sortir mais qui le fixait.

 

- Hey, c’est qui cette Lucy ? demanda-t-il tout de go aux jeunes adultes

- Rien de plus qu’un fantôme, monsieur. Répondit Alisson dont le sourire venait brutalement de quitter ses lèvres

 

            Mais Jean-Baptiste n’eu pas le temps de s’y appesantir plus car tous deux venaient de sortir de la salle.

______________

Lucy, ô ma Lucy, sans toi je suis tellement insignifiant…

Ce qui t’as emportée finira par me prendre moi aussi.

 

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23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 13:12

- III -

« What did you expect… ? »

 

            Installé dans la salle de spectacle du conservatoire pour le cours d’art de la scène, Jean-Baptiste est assit au premier rang et les élèves derrière autour de lui. Depuis presque une petite demi-heure maintenant, il les fait passer à tour de rôle sur la scène car il leur a demandé de venir interpréter leur musique ou chanson préférée sur scène afin de voir comment ils se débrouillaient. C’était aussi un moyen pour lui d’en découvrir un peu plus sur ses élèves tant personnellement que par rapport à leur talent.

            En ce moment c’est Alisson qui est sur scène, derrière sa grosse batterie et qui interprète Chop Suey de System Of A Down comme inscrit sur sa petite fiche. En fond sonore elle avait préparé un CD instrumental en enlevant juste la batterie et laissant le chant.

            Cette chanson était véritablement une prouesse de rythmes et combinaisons des différentes caisses. Jean-Baptiste était pas mal impressionné de la performance de la frêle jeune fille et était certain maintenant qu’elle ne s’était pas fichue de lui. Elle avait une présence sur scène absolument fantastique et n’aurait pas du tout été oubliée si le reste de l’instrumental avait été interprété en même temps qu’elle sur scène.

            L’atmosphère qui se dégageait d’elle était littéralement électrique mais pourtant, derrière et autour de JB les autres élèves gardaient leur visage stoïques et moroses. Seul Valentino souriait en regardant son amie, affalé sur son fauteuil, les bras croisés sur son torse. Hans aussi semblait attentif, bien qu’aucune expression d’enthousiasme, et encore moins de sympathie, transparaissait sur son visage. Le reste des élèves était toujours aussi étrangement calmes et Jean-Baptiste n’arrivait pas à être totalement à l’aise pour profiter de la prestation de la jeune femme. Un semblant de vie le fit sursauter à la fin de la chanson, alors qu’Alisson levait un visage souriant vers les gradins, tous sans exception avaient applaudit. Certes, ça n’était pas une ovation mais le bruit des mains qui se frappent était bel et bien là.

            Le brun remarqua alors que les applaudissements pour la jeune femme étaient tout de même plus fournit que pour les trois autres élèves passés avant elle. JB se leva donc et félicita Alisson en lui faisant tout de même quelques petites remarques, donnant deux trois conseils car bien que magnifique, son jeu sur scène n’était pas encore parfait.

 

- Tu vois Alisson, c’est super, on voit bien que tu t’éclates mais tu ne le fais pas assez partager. Il faut que tu regarde ton public, que tu l’amènes avec toi, comme si c’étaient eux à ta place derrière tes caisses.

 

            La jeune femme regardait son professeur mais semblait ne l’écouter que d’une oreille. Redevenue stoïque comme les autres élèves, elle répondit un simple « oui d’accord » avant de retourner dans les gradins à côté de son ami.

            Regardant ses élèves, le brun reprit sa liste car depuis le début c’était de toute façon lui qui désignait les passages puisque personne n’était jamais volontaire.

 

- Bon aller Hans, en piste !

 

            Se redressant d’un bon, le jeune homme décoloré eut une mimique faciale entre grimace et sourire et JB ne sut pas vraiment si c’était d’agacement ou de contentement. Enfin, il ne se fit heureusement pas prié bien qu’il prit son temps pour descendre les escaliers et se mettre derrière le grand piano blanc.

 

- Bon bah moi je suis pas un chanteur alors vous aurez que la partoch’ piano… J’ai juste un peu arrangé pasque normalement dans la musique originale, il y a des solos de guitare. Là j’ai tout fait au piano… Et c’est Sunburn de Muse de l’album Showbiz sorti en 99.

 

            Jean-Baptiste eu un léger sourire face aux paroles du jeune homme qui semblait vraiment savoir de quoi il parlait. Il se réinstalla donc confortablement dans son fauteuil et lui donna le feu vert.

            Après un raclement de gorge tout à fait inutile, Hans commença. Il était indéniable que la bande son piano était vraiment sublime dans cette chanson alors, toute seule et interprétée par un très bon pianiste c’était très appréciable. Cette fois-ci, JB réussit à se laisser un peu plus aller par l’écoute bien que l’atmosphère derrière lui était toujours aussi froide et pesante. Mais c’est parce que le piano était son premier amour et que même si aujourd’hui il préférait le saxophone, il n’en restait pas moins très attaché à cet instrument et pouvait rester en écouter pendant des heures, quelques soit la chanson. Même cette stupide Lettre à Elise pouvait le laisser pantois pendant un moment.

            Finalement Hans fit une excellente prestation et JB n’avait au final pas grande chose à lui dire.

 

- Si, tout de même… fit-il après l’avoir félicité  Essaye de relever ta mèche… dit-il en faisant le geste sur lui-même Parce que tu nous regardes mais on ne voit pas tes yeux et c’est dommage.

- Mouais, pour ce que j’ai à voir de toute façon… J’pourrais jouer les yeux fermés. Répondit le garçon en haussant les épaules

- Ça je n’en doute pas mais là je vous donne à toutes et à tous des bases d’interprétation. Quand tu seras riche et célèbre tu pourras faire ce que tu veux mais ici, tu es en phase d’apprentissage. Répondit JB du tac-o-tac

- Et c’est une personne qui n’a jamais percé dans le métier qui me dit ça ? embraya le jeune homme dont la grande gueule était difficilement refermable

- Mais je n’ai jamais voulu percer… fit JB en croisant ses bras sur son torse Ma vocation a toujours été de devenir prof…

 

            En plus c’est faux, mon petit groupe marche plutôt bien pour du loisir entre pote. Pensa-t-il mais sans le dire car il n’avait absolument aucune raison de se justifier là-dessus devant l’impétueux gamin.

            Hans le fixa quelques secondes de plus avant de siffler entre ses dents et baisser la tête, rejoignant sa place dans les gradins.

            Le brun le suivit du regard avant de regarder de nouveau sa liste et tomber sur la ligne de Xavier. Relevant les yeux, il chercha donc la « marmotte », comme il avait pris l’habitude de l’appeler et le trouva dans un coin de la pièce toujours autant endormit sur son sac. S’approchant donc de lui, il le secoua un peu pour le réveiller.

 

- Bon aller Xavier, assez dormi, lève-toi et va sur scène. Fit-il d’une voix assez sèche tout de même

 

            Ne sursautant même pas, le garçon releva alors lentement la tête et ancra directement ses prunelles dans celles de son professeur. Professeur qui se sentit boguer soudainement alors que c’était la première fois qu’il voyait les yeux du jeune homme. Yeux marron glacé dont la pupille noire de geais était étrangement volumineuse.

 

- … J’ai pas de chanson préférée. Raisonna soudainement une voix grave et profonde

 

            Jean-Baptiste en frissonna presque, tant sur le coup de la surprise, car c’était là aussi la première fois qu’il entendait le son de sa voix, mais aussi parce que cette voix était vraiment très belle. Ce dernier ne mentait donc pas lorsqu’il avait griffonné « cordes vocales » sur son papier à la question de l’instrument de prédilection.

            Le brun avait soudainement hâte de l’entendre chanter.

 

- Et bien, c’est pas grave… Chantes-nous la première qui te vient à l’esprit. Répondit-il quelques secondes après

 

            Le garçon qui n‘avait pas lâché son regard cligna des yeux puis se leva lentement. JB s’écarta donc pour le laisser passer, un sourire s’installant sur ses lèvres mais Xavier s’empara de son sac et au lieu de se diriger vers la scène se mit à remonter les escaliers pour aller vers la sortie.

 

- Hey non mais, où vas-tu là ? fit JB

 

            Mais le garçon ne répondit pas et disparu derrière la porte battante.

            Le brun, complètement ahuri se mit alors à monter lui-aussi les marches dans l’optique d’aller chercher le garçon. Mais il fut stoppé par un élève qui se leva soudainement.

 

- Bon aller monsieur, c’est mon tour maintenant. Dit clairement Valentino tout en passant devant JB pour descendre sur scène avec son étui à violon

 

            De violon il s’agissait plutôt d’un alto lorsque le garçon le sorti de sa boite.

 

- J’ai pris l’entre deux car normalement la 5ème se joue à plusieurs et au minimum un violon, un alto, un violoncelle et une contre basse… Là j’vais jouer seul et avec l’alto ça le fait mieux. Fit-il tout en s’installant et branchant son instrument qui était électroacoustique Et je l’ai un peu modernisée aussi, vous allez voir, ça détonne t’être en électroacoustique mais ça passe tout seul… ajouta-t-il un petit sourire au coin des lèvres

 

            Et il commença à jouer, fixant son professeur droit dans les yeux, son sourire narquois ne quittant pas ses lèvres.

            Ce gamin semblait toujours incroyablement sûr de lui et JB avait finit par penser que Valentino se sentait supérieur aux autres élèves et même à lui. Il avait un air extrêmement suffisant et toisait toujours tout le monde avec dédain. La seule personne semblant digne de se tenir à ses côtés était Alisson et encore, ils semblaient avoir une étrange relation tout les deux… Mais JB avait aussi remarqué l’étrange relation qu’il avait avec Hans, qui insultait fréquemment et royalement Alisson mais qui ne s’attaquait jamais à Valentino tandis que ce dernier l’ignorait tout simplement. Tant il regardait tous les autres avec dédain, tant Hans faisait parti de la décoration.

            En cet instant, alors qu’il écoutait et regardait Valentino, Jean-Baptiste se demanda quelle était réellement la relation entre ces trois là. Une nouvelle fois, la sensation qu’un secret inavoué planait dans cette classe se fit ressentir.

            Etant retourné s’asseoir, JB ne se leva qu’à la fin de l’interprétation du jeune homme.

 

- Et bien ma fois, c’était en effet très intéressant… Ton interprétation de ce chef d’œuvre de Beethoven était de grande qualité. Et ta présence sur scène remarquable… J’ai rien d’autre à dire. Dit-il en fixant le gamin

- Evidemment que vous n’avez rien d’autre à dire… répondit Valentino, son sourire toujours sur les lèvres avant de ranger ses affaires et retourner à sa place

 

            A l’entente de ces mots, JB claqua sa langue et leva les yeux au ciel en soupirant. Vraiment, il était estomaqué de la manière de parler du jeune homme mais il avait depuis longtemps renoncé à lui dire quoi que se soit. Autant il arrivait à faire mouche avec Hans, autant Valentino ne l’attaquait pas vraiment, lançant juste de petites phrases de conclusion.

            Valentino ne pétait certes pas plus haut que son cul mais il était beaucoup moins véhément que le décoloré et puis, il était l’un des rares à participer un minimum au cours. Généralement il lançait la réponse en soupirant sans lever la main pour être interrogé, comme s’il était dépité de la simplicité de la question posée.

            Jean-Baptiste appela un autre élève qui interpréta sa chanson et ainsi de suite jusqu’à ce que tous soient passés. Ils avaient 4h de suite d’art de la scène, avec une pause au milieu, et tous avaient pu passer en à peine 3h. Ne voulant pas les lâcher tout de suite, Jean-Baptiste décida alors de monter à son tour sur scène.

            Il n’avait pas son saxophone mais qu’à cela ne tienne, celui de l’école était plutôt pas mal. Il prit juste soin d’y mettre un nouvel embout.

 

- Bon et bien, pour ma part, je vais vous interpréter Can’t stop des Red Hot Chili Peppers… Ce n’est pas exactement ma chanson préférée mais j’aime beaucoup ce groupe et j’adore interpréter cette chanson au saxo alors qu’il n’y en a pas dans la bande son originale. Par contre désolé mais j’ai pas de bande son de fond, je n’avais pas vraiment prévu de passer moi aussi sur scène…

 

            Et c’est dans un sourire que le grand brun commença à jouer.

            Son regard bleu océan se mit à parcourir les gradins et observer le visage de ses étudiants. Et cette fois-ci, il eu le plaisir d’en voir s’illuminer quelques uns… Dont Hans qui s’est progressivement redressé dans son fauteuil et fixait son professeur alors qu’avant son regard se baladait toujours entre les élèves.

            Le morceau se poursuit et finalement, se termina. A ce moment là, comme un clap de fin, la sonnerie retentie. Ils avaient normalement cours encore une heure mais JB estima que c’était suffisant.

 

- Bon, sur ce, je vous libère… Mais vous restez dans l’enceinte de l’établissement et vous bosser vos cours ! Et pour le prochain cours d'histoire de la musique je voudrais que vous replaciez votre chanson ou musique d’aujourd’hui dans son contexte et son courant musical !

 

            Là-dessus, un brouhaha de bruit de pas s’éleva dans la salle et les élèves remontaient les marches des gradins pour sortir. JB était toujours sur scène et rangeait le matériel. Une voix fluette le fit se redresser un peu surprit.

            Devant lui se tenait Alisson et Valentino et un peu plus loin, assit sur la rambarde du premier rang, Hans.

 

- Monsieur ? répéta la jeune femme

- Heu oui… ? répondit JB sans cacher sa surprise

- En faite, on voulait vous dire, continua Valentino on va être sincère, mais ne prenez pas la gosse tête, c’était vraiment super ce que vous venez de faire. Je vous tire mon chapeau. Conclu-t-il en tendant sa main au brun, un sourire franc, quoique petit, sur les lèvres

 

            Complètement estomaqué, JB regarda la main tendue, puis le visage du garçon et celui de son amie. Mais finalement il prit cette main et la serra en souriant à son tour.

 

- Merci, heureux que ça vous ait plus… Et que vous vous y soyez intéressé.

- On est pas au conservatoire pour rien monsieur. Répondit Valentino en reprenant sa main

 

            Gardant son sourire, il tourna les talons et remonta les gradins avec Alisson qui n’avait rien dit mais semblait approuver les dires de son ami. A ce moment là Jean-Baptiste croisa le regard d’Hans et se demanda ce qu’il lui voulait lui-aussi.

            Mais le garçon ne dit rien, se contentant de lui lancer un fin sourire avant de se mettre lui aussi à monter les gradins. JB le suivit donc du regard, se disant qu’il était juste resté pour approuver les dires  de ses camarades. Pourtant, Hans s’arrêta au milieu de sa montée et se tourna vers lui.

 

- En faite, vous auriez carrément pu prétendre à une carrière sur scène… fit-il tout en fixant JB droit dans les yeux

 

            De nouveau ahurit, le professeur le fixa quelques secondes avant de répondre.

 

- C’est ta manière de t’excuser pour tout à l’heure ?

- On m’a juste appris à respecter le talent des autres. Et vous en avez. Répondit le garçon tout en se remettant à marcher à reculons jusqu’à disparaître derrière la porte

 

            Toujours sur l’estrade, Jean-Baptiste senti un immense sourire étirer ses lèvres et il ne pu s’empêcher de siffler un « yes » suivit d’un geste de satisfaction, le poing serré. C’est donc tout guilleret qu’il termina de ranger la pièce en se disant que si ce satané trio le suivait maintenant, le reste de la classe suivrait elle-aussi.

            Finalement, il y avait peut-être quelque chose à faire de ces gosses… Bien qu’ils restent fidèles à leur petit caractère…

 

______________

Excuse-moi Lucy, je n’ai pas su réagir comme il le fallait.

Je n’étais pas digne d’être à tes côtés.

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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 11:36

- II –

« Family business »

 

 

            Cela faisait maintenant un peu plus de deux semaines que Jean-Baptiste avait commencé à travailler au sein du prestigieux conservatoire de la ville. Donner des cours à des gamins d’à peine 6ans ses cadets pour la plus part était une drôle d’expérience. Surtout lorsque les dits gamins semblent se laver complètement de ce qu’il pouvait raconter…

            Okay, histoire de la musique n’est pas spécialement une matière passionnante mais c’est surtout qu’il n’y avait absolument aucune interaction avec les élèves. Pas même Valentino, qui prétendait pourtant adorer cette matière ne se manifestait. Jean-Baptiste se demandait s’il ne s’était pas foutu de sa gueule alors qu’il le grillait parfois en train de lire son journal planqué sous sa table.

            Toujours était-il qu’il avait beau essayer de les motiver il n’arrivait absolument pas à en tirer quoi que se soit… A part en art du spectacle où certain daignaient se réveiller un peu. Mais heureusement pour lui les deux autres classes de 3èmes années qu’il avait aussi en art de la scène étaient bien plus motivés et intéressants. Mais bon, il n’en était pas le professeur principal et il n’avait pas vraiment la tâche de s’en occuper au même titre que les 3B.

            Il fallait absolument qu’il trouve le moyen de délier un peu ces jeunes gens qui paraissaient prometteurs mais qui sans ce déclic semblaient aussi intéressants que des moules sur leur rocher.

 

- Et encore les moules c’est bon ! avait-il dit alors qu’il été présentement face à Manu, Marc et Sandrine dans la salle à manger des deux hommes

- Je sais pas j’y ai jamais goûté. Avait répondu Manu qui depuis le début était plutôt absorbé par ce que leur racontait le brun

- Non mais merci Manu on s’en doute… ajouta Sandrine sans regarder son ami, elle aussi fixée sur Jean-Baptiste

 

            Clignant des yeux, Marc qui était un petit peu moins absorbé par la conversation, zieutant de temps en temps du côté des gamins qui étaient dans le salon à jouer à la console, arque un sourcil et soupira soudainement.

 

- Non mais Sandrine, Manu parlait des fruits de mer, pas d’entre-jambe gazonnée. Fit-il presque dépité par son amie qui avait parlé avec tant de sérieux

 

            Comme quoi, un esprit naturellement pervers et tordu le reste à vie.

            Se redressant alors, la jeune femme fixa Marc puis Manu et enfin Jean-Baptiste qui avait porté une main à sa bouche, se marrant doucement.

            Elle cligna des yeux puis tandis soudainement sa main vers le grand brun.

 

- Ouais bah au moins je le fais rire ! Non parce que depuis tout à l’heure il fait que se plaindre !

 

            Le couple d’amant se mit lui aussi à rire mais Jean-Baptiste lui se redressait sur sa chaise et arrêtait de rire.

 

- Non mais comment veux-tu ne pas te plaindre avec des gamins pareils ! Bon sang mais imagine un peu que tu t’es fais bien chier à préparer un cours béton et une manière de l’aborder intéressante pour faire parler les gosses et que personne ne prend la perche que pourtant tu leur tends sous le bout du nez ? Sérieux Sandrine, même toi tu t’en arracherais les cheveux ! Et quand tu interroges un gamin et qu’il te répond correctement en te regardant à peine alors que depuis le début du cours il lit son journal planqué sous sa table c’est le pompon ! Mais évidement je ne te parle pas de ceux qui font des morpions, du gamin pète couille avec ses cheveux décolorés qui sort tous les 4 matins des réflexions bien placées à l’égard d’un élève ou de moi-même t’as juste à te retenir de ne pas lui en décalquer une ! La nana qui se barre soudainement de mon cours en chialant à cause de ce même gars et le visage apeuré de certains autres, même de mecs, c’est à se demander si ce mec ne les bastonne pas ou ne les rackets ! Et puis alors le best of the best, le gamin qui arrive tous les matins sans exception à la bourre, sans même ni « bonjour » ni « merde » et encore moins « désolé »  et qui se vautre sur son sac le reste de la matinée ça c’est royal ! J’veux dire, je l’ai jamais entendu parle ce gosse ! C’est simple, je sais même pas de quelles couleurs sont ses yeux ! Je ne vois que ses cheveux ! Il a écrit sur sa fiche qu’il était chanteur bah putain, ça serait bien qu’il se motive un peu ! Après je sais pas il est peut-être plus présent en cours de chant, et c’est vrai que je ne l’ai pas encore fait passer sur scène, mais bordel !

 

            Jean-Baptiste était littéralement en train de s’exciter tout seul, complètement parti dans son long monologue. Mais Marc le coupa soudainement en se levant et posant une main sur l’épaule de son ami.

 

- Aller aller, c’est bon, calme-toi, viens, allons nous griller une clope. Si tu veux tu dors sur le sofa ce soir et je te fais couler un verre de whisky.

- Non mais sérieux ! S’ils me cherchent, s’ils font exprès pour me faire partir comme les deux autres profs, bah ils se gourent ! Je vais rester rien que pour les faire chier, comme ils le font avec moi ! enchaîna tout de même Jean-Baptiste en se levant et suivant Marc sur la terrasse

 

            Manu et Sandrine suivirent le mouvement et s’installèrent autour de la table de jardin tandis que Marc était déjà en train d’allumer la clope de JB qui tirait dessus comme un dingue. Chacun finit par s’allumer sa clope, Marc en dernier qui avait passé la tête dans le salon pour prévenir les enfants et un silence se fit. Sandrine avait quant à elle reprit la clope depuis peu devant l’hyperactivité de son bambin pourtant haut comme trois pommes. C’est vrai que le petit garçon n’était pas vraiment de tout repos et, bien qu’il ne fasse pas spécialement de bêtise, avait toujours un truc à montrer à sa mère et les idées débordantes d’histoire en tout genre qu’il débitait en continue ce qui commençait à fatiguer Sandrine. Mais comment une mère peut-elle dire à son enfant d’arrêter de lui raconter ses histoires rocambolesques ? La clope était une bonne solution, même si elle n’en était pas très fière…

 

- Tu sais Jean-Baptiste, je pense que tu devrais demander aux autres profs comment ça se passe dans leurs cours avant de te braquer de la sorte. Fit soudainement Manu, rompant le silence bien installé

- … Ouais, pas con… répondit JB après un petit silence Enfin, encore faut-il qu’il daigne me répondre parce qu’eux me regardent comme s’ils voyaient le monstre de Frankenstein…

- Mais non mais non… se mit doucement à rire Marc en secouant légèrement l’épaule du brun Tu te fais des idées, ils sont juste trop carrés mais c’est qu’ils ne te connaissent pas. T’es un super prof et aller leur poser des questions prouvera que tu t’en fais pour tes élèves et que tu es digne d’attention.

- Marc a raison. Reprit Manu en se levant pour s’approcher de son compagnon qui le prit instinctivement par la taille Tu es un très bon professeur Jean-Baptiste, un peu foufou mais très bon. Poursuivit-il en souriant Et puis si c’est le directeur qui t’as choisis c’est que t’es l’homme de la situation. Tu as tout notre soutien.

- Ouais fight ! lança Sandrine, le poing en l’air et un grand sourire sur le visage

 

            Esquissant enfin un sourire, Jean-Baptiste tira une dernière taffe sur sa clope avant de l’écraser dans le cendrier.

 

- C’est gentil les copains… fit-il en les regardant Mais, je veux bien un verre de whisky quand même s’il te plaît Marc. Ajouta-t-il en riant doucement et regardant son ami

 

            Levant les yeux au ciel en riant lui aussi, Marc se leva, vola un baiser à Manu au passage et rentra pour aller chercher le verre de JB.

 

- Tsss, vous deux alors… fit le brun en regardant Manu Presque sept ans et toujours aussi amoureux !

- C’est pas de l’amour ça c’est de petites habitudes nian-nian guimauves là… répondit Sandrine avant que Manu ne puisse prendre la parole

- Ouuuuuh ! Toi tu es jalouse ! reprit JB en riant

- Pfff, n’importe quoi ! J’ai plein de bisous de Guillaume !

- Ah oui ? Pourtant il te tape tellement sur les nerfs que t’as recommencé à fumer…

- Tsss, il me tape pas sur le système, il est juste hyperactif c’est tout…

 

            Et soudainement, comme pour prouver ses dires, Guillaume déboula sur la terrasse en hurlant qu’il avait gagné une partie de course de voiture sur la console de Mattéo en courant autour de la table. Ce fut non sans peine que Sandrine finit par réussir à le rattraper, en courant derrière lui, et le ramena à l’intérieur pour qu’il lui montre cet exploit.

            Mattéo qui était lui aussi sorti s’était adossé au chambranle de la porte fenêtre et avait regardé la scène en souriant regardait à présent Manu et JB.

 

- Je l’ai laissé gagner… fit-il en souriant

- Mais arrête donc de le protéger comme ça… ! ria doucement Manu en ébouriffant les cheveux noirs du pré-ado Tout le monde le pourri-gâte dans cette famille, tu m’étonne que Sandrine ne s’en sorte pas !

- Mais non personne ne le pourri… ria à son tour JB qui était pourtant inscrit en tête de liste

 

            Marc revînt à ce moment là, ayant finalement apporté dans un plateau un verre pour chacun et la bouteille de whisky. Plus limonade-sirop pour les enfants. On était début novembre et il faisait encore assez bon pour être sur la terrasse avec une petite veste.

            Les adultes finirent donc plus tranquillement leur soirée, les enfants avaient finit par rejoindre leur chambre, Guillaume avec eux qui avait pour habitude de tirer le matelas rangé sous le lit de Mattéo et s’y blottir lorsqu’il était fatigué le temps que sa mère vienne le chercher. Jean-Baptiste n’avait finalement bu que deux verres et pu tranquillement prendre la route à bord de son vieux van qui roulait encore malgré toutes les réparations qu’il avait du faire dessus. Mais, que voulez vous, c’était à présent une voiture de collection et Jean-Baptiste était vraiment fier d’y paraître au volant…

 

            Un nouveau matin au conservatoire, Jean-Baptiste est un des premiers arrivés dans la salle des profs et comme à son habitude, il lance la cafetière pour lui et les quelques collègue qui en boivent. Dos à la machine, le cul légèrement posé sur la table, il a les bras croisés sur sa poitrine et regarde tour à tour les professeurs présents et ceux qui arrivent petit à petit.

            Repensant à ce que lui ont dit ses amis quelques jours auparavant, il se met alors à jauger tour à tour les personnes présentes en se demandant bien à qui il allait pouvoir poser la question en premier. Peut-être bien à la plus jeunes des profs, qui devait avoir à peu près le même âge que lui et qui enseignait le solfège aux 3èmes et 4èmes années. Ou alors au professeur de composition qui doit avoir l’esprit très ouvert pour aider les jeunes d’aujourd’hui à mettre en forme ce qu’ils peuvent avoir dans la tête…

            Sincèrement JB ne savait pas par où commencer, ni même quelle question poser exactement. Au bout de quelques minutes, il prit son courage à deux mains et décida d’accoster la professeur de solfège.

 

- Bonjour.  Fit Jean-Baptiste

- Euh… Bonjour…  répondit la jeune femme surprise que Jean-Baptiste lui adresse la parole.

- Dit moi, j’aurais une question à te poser à propos des 3èmes B. j’aurais aimé savoir, comment ils sont en cours avec toi ?

 

            De nouveau surprise, la jeune femme prit un instant avant de répondre à Jean-Baptiste.

 

- Tu sais le solfège, c’est une matière qui demande de la concentration et du silence. Je leur fait faire de la lecture de partition à l’orale et ils le font.

- Et Hans, il ne fou pas le bordel ?

- Bin… Euh… Non enfin.  Dit-elle  C’est un de mes meilleurs élèves avec Valentino.

- Okay d’accord. Mais tu ne trouves pas que l’ambiance est morbide ? Je ne sais pas ils sont pas vivants. 

 

            La jeune femme laissa planer un long silence, puis répondit d’une voix lente presque saccadée.

 

-Mais non. Pas du tout qu’est ce que tu racontes ? Bon, tu m’excuseras, faut que j’y aille, j’ai cours.

 

             Jean-Baptiste regarda la jeune femme partir en se grattant sa barbichette. «D’accord, soit tu te fous de ma gueule soit t’es vraiment conne.». Mais ne se laissant pas démonter pour autant, alla voir le professeur de composition qui eut semblablement la même réaction.

 

- Mr Cailleux, vous devriez vous contenter de donner vos cours. De toute façon nous ne sommes pas responsables de la réussite des élèves. C’est à eux de travailler s’ils veulent leur diplôme et surtout devenir quelqu’un. La musique c’est un art. Qui veut n’en fait pas toujours correctement.

 

             L’homme tourna les talons sur ces mots, mais avant de franchir la porte de la salle des professeurs, il rajouta une dernière phrase.

 

- Ne vous attacher pas trop aux élèves de la 3B Mr Cailleux. C’est un simple conseil pour la poursuite de votre carrière.

 

            Jean-Baptiste arqua un sourcil interrogateur et se dit que finalement, il y avait peut-être matière à creuser.

 

______________

Je suis tellement désolé Lucy…

J’espère qu’un jour tu me pardonneras. Tu me manques tellement.

 

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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 12:20

- I –

« What the fuck ?! »

 

            Assit sur un banc devant une immense bâtisse, Jean-Baptiste a le nez levé vers l’édifice et une clope plantée entre les lèvres. Complètement avachit sur le dossier, il est totalement plongé dans ses pensées. Se mettant soudainement à tripoter machinalement un des anneaux qu’il a à l’oreille il se stoppe au bout de quelques secondes et se redresse.

 

- Merde. Lâche-t-il pour lui-même J’ai pas retiré mes piercings…

 

            Mettant chacune de ses mains sur ses lobes, il se mit à tirer doucement sur ses anneaux, de nouveau plongé dans ses pensées.

 

- Oh et puis fuck ! fit-il avant de se lever d’un bond et se mettre a tirer sur sa chemise jusque là bien rentrée dans son pantalon

 

            Pour son premier jour de cours, Jean-Baptiste qui savait entrer dans une prestigieuse école avait voulu faire les choses bien. Il avait emprunté une chemise blanche à Marc et un des vestons noirs de Manu qu’il avait assorti avec un jean noir heureusement sans trous. Mais il avait totalement oublié les anneaux qu’il portait aux oreilles et celui au cartilage.

            Comme soudainement agacé, il avait retiré sa chemise de son pantalon et se passa vivement les mains dans ses cheveux qu’il avait pourtant mis un certain temps à bien coiffer. Déboutonnant son col de chemise, il se pencha pour prendre sa belle besace en cuir, cadeau de ses amis à un de ses anniversaires et toujours en excellent état et se redressa. Ceci faisant, il croisa soudainement le regard de deux personnes qui semblaient être des étudiants du conservatoire en vu de l’étui à violon qu’avait l’un d’eux à la main.

            Toisant d’abord le garçon puis la jeune fille qui le fixait il arqua un sourcil.

 

- Quoi, vous voulez ma photo ? lâcha-t-il avant de se mettre à marcher en direction de l’édifice et en pousser les portes après avoir écrasé sa clope

 

            Fouillant dans ses poches, il sorti son emplois du temps tout en se dirigeant vers la salle des profs. Il avait déjà visité le bâtiment en compagnie de Thierry quelques jours auparavant et savait heureusement où il allait. Et il savait aussi que les autres professeurs allaient le regarder d’un drôle d’œil sans pour autant lui adresser la parole, tout juste un bonjour. Mais pour avoir été élève dans ce genre d’endroit, il savait bien qu’un type comme lui détonnait et qu’il leur faudrait du temps pour s’habituer à lui. Enfin, dans un sens, il s’en moquait pas mal… Après tout, il n’était pas là pour se faire des amis, il en avait déjà de très bons.

            Ouvrant son casier après avoir tout de même salué les autres personnes présentes, il y rangea quelques trucs et en sorti d’autre avant de revenir dans le couloir et revérifier la salle de sa classe et s’y dirigea à grands pas nerveux.

            Après un bref soupire et quelques secondes de pause, il en poussa la porte et se retrouva dans un petit amphithéâtre dont les occupants firent soudainement silence. C’est donc des dizaines de paires d’yeux planté sur lui que Jean-Baptiste avança jusqu’à l’estrade et posa ses affaires sur le bureau dans un coin. C’est en relevant la tête et regardant ses élèves qu’il reconnu les deux élèves qui l’avaient observé lorsqu’il était devant le bâtiment.

            Le garçon et la fille furent d’abord surprit puis un sourire presque narquois ornèrent leur lèvres. Mais Jean-Baptiste fronça les sourcils et ne se laissa pas impressionner. Se redressant, il senti la confiance monter soudainement en lui. Après tout, c’est Thierry lui-même qui l’avait choisit, c’est qu’il était à la hauteur.

 

- Bien ! lâcha-t-il fortement, sa voix bourrue raisonnant dans toute la salle Je suppose que vous êtes déjà tous au courant qu’arriverait aujourd’hui votre nouveau professeur principal mais que vous êtes tous un peu surprit de voir à quoi il ressemble !

 

            Il allait se présenter lorsqu’il entendit un soupire et le bruit d’un journal qu’on ouvre. Tournant la tête dans la direction, il reconnu le jeune homme au violon et sa chevelure bouclée.

 

- Hep, toi là ! Oui le garçon au violon et tif de mouton, ça t’intéresse pas ce que je dis ?

 

            Relevant ses yeux verts de son journal le garçon fixa un instant Jean-Baptiste.

 

- Pas vraiment non… fit-il sans une once de gêne

 

            Un « okay… ça commence bien » désabusé raisonna dans l’esprit du brun qui ne se laissa pas démonter pour autant.

 

- D’accord, j’peux concevoir que t’en a rien à batt-faire… de ton nouveau prof principal mais ça serait sympa de faire au moins semblant… Ca t’aurais évité de te faire remarquer dès le premier cours.

- T’façon vous m’aviez déjà remarqué dehors…

- Là n’est pas la question. Trancha Jean-Baptiste Range ton journal et dis moi comment tu t’appelle.

 

            Soupirant, le garçon obtempéra tout de même et reprit la parole.

 

- Valentino Grassi, violoniste à ses heures perdues…

 

            « Emmerdeur aussi… » pensa le brun

 

- D’accord… Et ta pote qui se fend la poire intérieurement depuis tout à l’heure en me fixant, elle s’appelle comment elle-aussi ? ajouta Jean-Baptiste alors que du coin de l’œil il voyait la jeune fille aux courts cheveux le fixer, son menton dans sa main, semblant le traiter intérieurement de con

- Oh, elle peut se présenter toute seule… fit le garçon en jetant à peine un œil à sa voisine

 

            Se redressant alors dans un fin rire, la jeune fille croisa ses bras sur la table.

 

- Moi c’est Alisson. Je ne vous donne pas mon nom de famille je suis la seule dans la liste.

 

            Soupirant de nouveau intérieurement, Jean-Baptiste comprit très bien pourquoi Thierry avait besoin d’un type comme lui pour s’occuper de ces gamins. Ca n’était sans doute pas que ces deux gamins qui étaient difficiles mais l’ensemble de la classe.

 

- Bon et bah je vais faire l’appel ! Vous saurez comment moi je m’appelle le jour où ça vous intéressera, je ne suis pas à ça près, je suppose de toute façon que vous m’appelez déjà tous « le punk »… On verra quel était exactement ce mouvement musical plus tard…

 

            N’attendant aucune réaction de la part des jeunes, il commença l’appel mais fut interrompu lorsque la porte s’ouvrit soudainement et qu’un jeune homme entra d’un pas lourd. Sans un seul regard vers Jean-Baptiste, il alla s’effondrer sur une table en coin d’amphy, au premier rang et posa son visage sur son sac qu’il avait balancé sur la planche.

            Surprit mais sans le montrer d’une telle attitude, Jean-Baptiste marqua une pause dans son listing et fixa le garçon.

 

- Et je peux savoir comment tu t’appelles la marmotte ?

- Il vaudrait mieux que vous regardiez sur la liste, là il est parti pour hiberner longtemps… lui répondit une voix à l’autre bout de la salle

 

            Tournant la tête vers qui lui avait répondu, Jean-Baptiste vit un garçon aux cheveux mi-long complètement bousillé par des séances de décoloration qui rendait ses cheveux certainement blonds à la base d’un mélange de blanc et de gris tout droit sorti d’un jeu vidéo.

 

- Ouais… T’entend quoi pas là exactement heu… fit-il tout en zieutant sur sa liste

- Moi c’est Hans Über, et l’autre c’est Xavier. Il ne vit que 25% des cours, et histoire de la musique ne fait pas parti de ceux auxquels il est attentif… Mais il parait que c’est vous aussi qui nous faite les cours d’art de la scène. T’être que vous aurez la chance de l’entendre parler et voir sa gueule… fit le décoloré

- … Et personne ne lui dit jamais rien ? demanda Jean-Baptiste

- C’est pas notre problème… répondit Hans en haussant les épaules

 

            Regardant alors l’espèce de gros tas avachit sur sa tablette, Jean-Baptiste réfléchit quelque secondes puis lâcha un soupire tout en se disant que ce n’était pas la peine d’insister aujourd’hui. De toute façon, il n’a rien d’un professeur lambda et Thierry lui avait donné carte blanche pour faire « ce qu’il voulait » avec ces gosses. Et aujourd’hui il avait décidé d’y aller coolos.

            Il termina donc l’appel et alla tout de même écrire son nom au tableau, « pour les intéressé » dit-il avant d’aller s’asseoir sur son bureau et croiser ses bras, regardant les gamins.

 

- Bon, maintenant je veux savoir où vous en étiez rendu en histoire de la musique et pendant que je prépare mes trucs, vous allez tous sortir un papier et m’écrire en gros qui vous êtes, votre instrument de prédilection, les matières que vous aimez et votre chanson ou musique préférée…

 

            C’est Valentino qui lui répondit du tac-o-tac qu’il en était à la période des grands rois et qu’ils s’en étaient arrêtés au baroque avec Lully sous le règne de Louis XIV. Puis tous sortir une feuille sans trop se faire prier, à part le garçon qui comatait sur son sac. Jean-Baptiste lui jeta à peine un regard et alla rapidement écrire les consignes au tableau avant de s’asseoir à son bureau et fouiller sa besace à la recherche de son gros bouquin où il trouva la biographie de Lully. Il commença donc à préparer son semblant de cours.

            Plusieurs minutes s’écoulèrent dans un étrange silence, seuls les crayons griffonnant les feuilles raisonnaient dans l’amphithéâtre. Une feuille apparue soudainement dans son champ de vision, bout de papier arraché à un cahier qui venait d’être bazardé sur ce qu’il était en train d’écrire et il releva la tête. Mais ce qu’il vit ne fut qu’une silhouette de dos aux cheveux châtain clairs qui se dirigeait vers son coin de table pour replonger son visage dans son sac.

            Clignant des yeux, Jean-Baptiste arqua légèrement un sourcil en se demandant quand le garçon avait pu se réveiller et posa ses yeux sur la feuille. Ce qu’il pu y voir se lu en quelques secondes à peine alors que le jeune homme avait répondu très succinctement aux questions.

 

                        Prénom : Xavier

                        Âge : 21 ans

                        Instrument : cordes vocales

                        Cours : chant

                        Chanson/musique : j’en ai pas

 

            Regardant de nouveau le garçon, il cligna des yeux puis fit une légère grimace avant de se replonger dans son truc. Plusieurs autres minutes passèrent et d’autres feuilles arrivèrent sur son bureau. Se redressant un peu il prit alors la parole.

 

- Bon, ceux qui ont finit, vous restez là, vous pouvez vous occuper à autre chose mais en chuchotant ! Vous pouvez discuter mais tranquillement, ne dérangeez pas les autres.

 

            Ceci-dit, Valentino se leva soudainement et apporta sa feuille ainsi que celle de sa voisine qui s’était mise à se limer les ongles en mâchouillant un chewing-gum. Il posa les feuilles sur le bureau de Jean-Baptiste et regarda son professeur quelques secondes, un sourire presque narquois sur le visage avant de retourner à sa place et se remettre à lire son journal. Le brun haussa les épaules et se mit à lire les fiches des deux jeunes gens qui le toisaient si indiscrètement.

 

                        Prénom : Alisson

                        Âge : 22ans

                        Instrument : batterie et un peu de violon

                        Cours : art de la scène, percussions et rythmes

                        Chanson/musique : Sunday Bloody Sunday de U2 et Chop Suey de Système Of              A Down  pour la batterie

 

            Relevant les yeux vers la jeune femme, il l’observa un peu mieux. Ce qu’il venait de lire l’étonnait beaucoup et il se demanda un instant si elle ne se moquait pas de lui.

            Ce qu’il avait sous ses yeux était en apparence une petite « lady prout-prout » avec ses cheveux noirs parfaitement coupé et coiffé au carré, ses grands yeux clairs aux longs cils bien maquillés, ses petites pommettes roses, sa bouche acidulée assortie à son haut à fine bretelle lui aussi rose. Elle était en train de se limer les ongles qui étaient pourtant parfaitement manucuré et mâchait un chewing-gum sans aucune grâce. La vérité c’est qu’elle avait tout l’air d’une sacrée peste.

            C’était un contraste déjà détonnant que de la voir ainsi petite fille pour le moins tête à claque alors, l’imaginer derrière une batterie surprenait grandement Jean-Baptiste. Regardant alors les bras de la jeune fille il s’aperçut qu’ils étaient aussi fins que le reste du corps d’Alisson mais aussi très musclé. La jeune femme ne se moquait donc pas de lui.

            Elle sembla sentir son regard sur elle car elle leva son regard et le fixa à son tour, un sourire amusé sur les lèvres. Le brun finit par lever les yeux au ciel et saisir la feuille de Valentino.

 

                        Prénom : Valentino

                        Âge : 22ans

                        Instrument : violon, alto, violoncelle et contrebasse, mais je

                        préfère le violon

                        Cours : solfège et histoire de la musique (oui oui…)

                        Chanson/musique : la 5ème de Bétov’

 

            Relevant de nouveau les yeux, il observa le garçon qui avait toujours son nez planté dans son journal. Physiquement, il avait vraiment la gueule à jouer du violon. Brun aux cheveux légèrement bouclés, de grands yeux verts… La vérité c’est qu’il avait l’air d’être une sacrée tête, l’intello de la classe quoi… Rien qu’au fait qu’il joue des quatre instruments à cordes les plus réputés et qu’il aime l’histoire de la musique le prouvait.

            Buguant un bon moment sur le jeune homme, Jean-Baptiste pensait qu’en dehors du fait que tout comme la jeune femme à côté de lui, il était tête à claque à sa manière, il était plutôt beau garçon. Il le regarda encore quelques instant avant que son regard ne dérive ailleurs.

            Promenant son regard océan dans tout l’amphithéâtre, Jean-Baptiste réalisa soudain le silence dans le quel tous étaient plongé. Un silence qui prit d’un seul coup le brun à la gorge.

            Les élèves, bien que tous à côté de quelqu’un d’autre, à part Xavier endormit sur son sac, ne se regardaient absolument pas, ne parlaient pas. Un étrange malaise semblait planer entre ces jeunes gens qui semblaient n’avoir absolument rien à se dire.

            Fixant des visages au hasard, Jean-Baptiste se rendit compte que beaucoup étaient ceux à avoir un regard éteint. Un regard sans vie, sans envie dira-t-on. Il n’y avait aucun entrain, aucune passion dans le regard de ces jeunes gens et Jean-Baptiste senti le malaise planant s’insinuer soudainement en lui. Secouant alors légèrement la tête, son regard se posa sur un autre élève dont la chevelure avait attiré son regard.

            Il s’agissait du certain Hans Über et il se rendit alors compte que le garçon jetait des regards noirs dans la salle. Suivant ses regards, Jean-Baptiste s’aperçut qu’ils n’étaient pas dirigé vers quelqu’un en particulier mais plutôt à tous en général. Arquant un sourcil, il se mit à fouiller dans les feuilles posées sur son bureau et trouva celle du garçon qu’il avait du poser sans qu’il ne s’en aperçoive.

 

                        Prénom : Hans

                        Âge : 22ans

                        Instrument : piano et guitare acoustique

                        Cours : solfège et compo’

                        Chanson/musique : Sunburn de Muse

 

            Reposant alors son regard sur le jeune homme il s’aperçut que ce dernier le regardait de ses yeux noirs.

 

- Quoi, vous voulez ma photo ? lâcha soudainement le jeune homme sans lâcher Jean-Baptiste des yeux

 

            Un fin rire raisonna alors dans la pièce et le brun tourna alors la tête vers Alisson qui continuait de se limer les ongles en souriant.

            Un « ta gueule pétasse ! » raisonna soudainement dans tout l’amphy et fit sursauter quelques élèves. Un « moi aussi je t’aime » suivit l’insulte alors qu’Alisson levait tranquillement son regard vers le décoloré qui fronça les sourcils en soufflant sur sa mèche.

            Interloqué par la manière de parler du jeune homme, Jean-Baptiste ne réagit pas tout de suite, commençant par se lever de sa chaise.

 

- Bon les jeunes, on baisse d’un ton. Vos querelles d’amoureux c’est dehors, me forcer pas à vous coller à peine arrivé ici. Fit-il d’un ton calme mais les sourcils froncés

 

            Les deux jeunes gens le regardèrent un instant, Alisson son sourire toujours plaqué sur le visage et Hans les sourcils froncés avant qu’il ne se tourne dans l’autre sens et pose son menton sur ses bras croisés. La brunette revînt bien vite à ses ongles et Jean-Baptiste à ses fiches qu’il termina de lire jusqu’à ce que la cloche sonne.

            Un grand fracas de chaises qui raclent et personne qui se lèvent éclata soudainement dans la pièce et le brun se leva alors.

 

- Bon ! On se revoit demain en art de la scène, que chacun apporte son instrument sauf s’il se sert des instruments déjà sur place ! Et pour le cours de mercredi matin d’histoire de la musique ne vous attendez pas à rien glander comme aujourd’hui !

 

            Il avait parlé assez fort pour que tous l’entende et il espérait sincèrement qu’ils l’aient écouté parce que personne ne leva un seul regard vers lui ni ne lui répondit. Pas même Alisson et Valentino et encore moins Hans qui était le premier dehors.

            L’amphithéâtre se vida très vite et Jean-Baptiste se retrouva seul après un bruit de porte qui claque. Poussant soudainement un profond soupire, il se laissa retomber sur sa chaise dans un bruit sourd et se frotta le visage des deux mains. Posant ensuite ses yeux sur les bancs vides il réalisa soudainement combien l’atmosphère de cette classe était pesante. Et sombre… Comme un secret inavoué.

 

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Pardonne-moi… Pardonne-moi Lucy…

J’ai tellement mal si tu savais…

 

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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 12:15

 

 

 

Nous espérons que vous avez tous la forme!

Nous lançons enfin la quatrième partie.

Bonne lecture!

ps : mise à jour de la liste des perosnnages, si vous voulez voir leurs minois tels que nous nous les imaginons =3

 

__________________________

 

 

 

Préambule

 

            Un samedi soir comme les autres au Nostra Bella.

            Le patron des lieux, un assez beau blond en veston chemise était derrière son comptoir à faire ses cocktails et parler avec ses habitués. Mais son regard bleu allait sans cesse se poser à un assez grande tablé dans un coin de la salle où il surveillait d’un coin de l’œil sa petite famille. Six ans avaient passés depuis qu’il était officiellement en couple avec Marc et leur vie coulait tranquillement dans le bonheur en compagnie de Mattéo et Camille mais aussi de Sandrine et du petit Guillaume qui avait bien grandi. Ce dernier vivait avec sa maman dans un appartement pas loin de la maison de Marc et Manu mais passait beaucoup de temps avec les deux hommes. Ou plutôt avec Mattéo et Camille qui se considérait tout trois comme frères et sœur. D’ailleurs en cet instant, le plus jeune dansait avec Camille en chantant une chanson qu’ils connaissaient par cœur. Et pour cause… Ca n’était autre que le groupe d’un très bon ami de cette drôle de famille qui se produisait sur la scène du Nostra Bella ce soir.

            Jean-Baptiste et ses vieux copains n’avaient jamais lâché leur petit groupe des Clash Tag et même si chacun avait fait sa carrière à côté, ils faisaient quelques scènes de-ci-de-là et avaient toujours une place sur celle du bar de Manu.

            Le grand brun aux yeux océan, son saxophone entre les lèvres regardaient d’un œil affectueux les deux enfants qui dansaient. Lui aussi faisaient parti de cette grande et belle famille au titre de « Tonton JB » et n’avait jamais une seule fois rechigné devant ce surnom si affectueusement donné par les trois enfants.

            A ce propos, un « aller tonton JB ! » raisonna assez fortement dans la salle, lancé par la voix encore fluette du benjamin de la famille à savoir le petit métisse. Jean-Baptiste esquissa un sourire alors que Guillaume avait lancé ses encouragements juste quand le solo de saxo allait commencer. Il brun s’était donc avancé au devant de la scène et avait entonné sa partie tout en regardant le petit garçon qui s’était lui aussi mit à faire son show sur un saxophone imaginaire. Camille avec qui il dansait quelques minutes auparavant tapait des mains en sautant sur place et Mattéo, un chouilla plus réservé était assis à côté de son père sirotant son coca. Mais son regard azuré derrière ses lunettes ne quittait pas celui du grand brun qu’il regardait vraiment avec admiration.

            Enfin, toujours était-il que Jean-Baptiste aimait vraiment beaucoup ces grosses et ne laissait jamais passer une occasion de le leur montrer malgré les récriminations de leurs parents respectifs qui lui disaient qu’il les gâtait trop.

 

- Que voulez-vous, j’en ai pas encore de gosse moi ! répondait-il presque à chaque fois en riant

 

            Du haut de ses 28 ans, Jean-Baptiste ne s’était pas encore posé quand bien même avait-il tenté de le faire à plusieurs reprises. Il avait pourtant un large choix lui qui se disait un « amoureux de la vie dont le sexe de l’être aimé importait peu ». D’ailleurs, il ne savait pas se poser quelque soit le sujet alors que depuis qu’il avait finit le conservatoire, c'est-à-dire il y a presque 6 ans maintenant, il n’avait jamais trouvé de boulot fixe et papillonnait d’école en école à faire des remplacements de prof de musique ou des animations temporaires.

            Pourtant il était très apprécié et avait déjà reçut quelques propositions de CDI qu’il avait toutes refusées. Mais le jeune homme était un hyperactif qui s’ennuyait trop facilement pour se poser dans son taffe. « Tant que je peux payer mon loyer et ma bouffe c’est parfait ! » disait-il.

            La fin du solo puis de la chanson fit raisonner un tonner d’applaudissement dans la salle et le chanteur annonça leur pause bien mérité. Le grand brun se dirigea automatiquement vers la tablée, prenant dans ses bras Guillaume qui commençait déjà à lui monter dessus. Ils n’attendirent pas longtemps avant que Manu n’arrive pour féliciter son ami. Tous discutèrent un petit moment puis le brun et le patron retournèrent au bar où Manu offrit sa bière à Jean-Baptiste dont les collègues étaient eux aussi à droite et gauche dans la salle, discutant avec leurs amis.

            Manu retourna à ses occupations, ses deux serveurs tournant dans la salle et Jean-Baptiste se calla confortablement dans son tabouret et commença à siroter sa bière. Mais bien évidement son calme intérieur ne dura pas longtemps alors qu’il se faisait aborder par un homme aux alentours de la cinquantaine.

 

- Bonsoir Jean-Baptiste. Avait simplement dit l’homme grisonnant

 

            Interloqué, le brun avait regardé de bas en haut cet homme.

 

- Et bien alors, tu ne me reconnais pas… ?

 

            Clignant des yeux, Jean-Baptiste fixa les grands yeux clairs de l’homme et soudain le reconnu.

 

- Thierry ! lâcha-t-il dans un grand sourire Putain mais ça fait combien de temps ?! Merde mais qu’est-ce que tu fais là ?!

 

            Un rire s’échappa de la gorge de l’homme qui prit l’épaule de Jean-Baptiste et la secoua un peu.

 

- Et bien toi en tous cas t’as pas vraiment changé… Le petit rebelle de la famille Cailleux !

 

            Il se trouvait en réalité que cet homme était le vieux professeur de solfège du brun du temps où il était gamin et qu’il avait commencé à apprendre le piano au conservatoire. Les deux hommes commencèrent bien vite à discuter du temps passé mais la conversation tourna assez rapidement au présent boulot de Thierry qui venait d’être promu directeur du conservatoire privé d’Aves.

 

- Donc voilà, en gros, je viens d’être propulsé à la tête de cette école de musique plutôt réputé et ce même dans d’autres pays et comme je viens de te l’expliquer, deux professeurs m’ont lâchés il y a quelques jours et j’en cherche activement de nouveaux… Et j’avais pensé à toi car j’ai besoin en particulier d’un professeur principal et que je pense sincèrement que tu t’en sortiras très bien avec la classe dont j’aimerais te donner la responsabilité…

 

            Plutôt étonné de la proposition de l’homme, Jean-Baptiste lui répondit qu’il ne s’était jamais pausé et encore moins eut la responsabilité d’une classe. Il avait beau avoir le diplôme de « professeur de musique », il avait toujours ressenti le besoin de bouger et aller voir ailleurs.

 

- Ton poste est certainement très intéressant, mais ce n’est pas pour moi…avait-il conclu

- Ecoute, je ne te demande pas de signer un contrat à vie ! L’année a déjà commencée, on est mi-octobre, j’ai vraiment besoin d’un prof et sincèrement je ne vois que toi à ce poste là… Dis-toi que ce ne sera que pour 8mois et demi !

- … Je sais pas. Répondit Jean-Baptiste avant de finir sa bière Je vais finir par m’ennuyer…

- Oh ça, je ne pense pas… Surtout avec la classe dont je te parle. Deux profs les ont déjà lâché, il leur faut vraiment quelqu’un qui sache, non pas les tenir mais plutôt les faire aller de l’avant… Et ça des profs « prout-prout » comme on en croise dans toutes les écoles de musique, ne peuvent pas le leur apporter… Même si tu leur dispenseras des cours classiques comme histoire de la musique, tu auras aussi le poste de prof d’art de la scène… Là par contre tu auras les deux classes de 3èmes années à t’occuper mais je sais bien que la scène a toujours été ton truc et ce depuis tout petit… argumenta l’homme

- Mouais… Tu penses sérieusement m’amadouer comme ça ?

- Je pense oui… Parce que tu reste curieux comme type… Même si tu as peur de t’ennuyer car c’est un long contrat, dans ta caboche je suis sûr que t’es en train de te dire que si ça avait été seulement pour 2 semaines, un mois grand max, tu aurais accepté sans hésiter.

 

            Lâchant un rire, Jean-Baptiste se leva.

 

- Ouais bon, je dois retourner sur scène là !

- D’accord. Je te laisse donc y réfléchir mais pas trop longtemps non plus… Tu me donne ta réponse dans le courant de la semaine qui arrive ? Voici ma carte. Conclu Thierry avant de serrer la main du brun et partir après l’avoir félicité de sa prestation sur la scène de ce soir

 

            Jean-Baptiste regarda l’homme partir et haussa les épaules avant de retourner sur scène. La soirée se poursuivi aussi bien qu’elle avait commencée et il la termina avec ses amis, Guillaume endormit sur ses genoux qu’il rendit à sa mère lorsque cette dernière décida qu’il était temps pour eux de partir. Marc parti en suivant, Camille comatant elle aussi dans ses bras suivit de Mattéo et Jean-Baptiste suivit le mouvement pour laisser Manu et ses serveurs ranger le bar. La conversation qu’il avait eue avec Thierry ne lui revint que le lundi matin alors qu’il partait faire son remplacement du moment dans un collège du coin. Et elle ne le quitta plus de la journée.

 

« Quand je suis rentré dans la classe j’ai comprit l’ampleur de la situation. »

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